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Le Crépuscule du soir

Ô nuit! ô rafraîchissantes ténèbres ! vous êtes pour moi le signal d'une fête intérieure,
vous êtes la délivrance d'une angoisse! Dans la solitude des plaines, dans les labyrinthes
pierreux d'une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu
d'artifice de la déesse Liberté !
Crépuscule, comme vous êtes doux et tendre ! Les lueurs roses qui traînent encore à
l'horizon comme l'agonie du jour sous l'oppression victorieuse de sa nuit, les feux des
candélabres qui font des taches d'un rouge opaque sur les dernières gloires du couchant,
les lourdes draperies qu'une main invisible attire des profondeurs de l'Orient, imitent tous
les sentiments compliqués qui luttent dans le cœur de l'homme aux heures solennelles de
la vie
1) Que ressentez-vous à la lecture de ce texte ?
2) Quels procédés d'écriture sont utilisés ?
3) Quel type de paysage est présenté dans ce texte ?
4) Quel lien y a-t-il entre le paysage évoqué et les émotions ressenties?

Sagot :

Réponse :

1. En célébrant le crépuscule, le poète éprouve un soulagement, de l'apaisement qu'il communique au lecteur.

2. Les procédés :

- l'invocation : "Crépuscule, comme vous êtes doux et tendre"

- le champ lexical de la fête intérieure (scintillement des les, feu d'artifice les feux ...)

- le champ lexical des couleurs : rose, or, argent

- la personnification : "la déesse liberté"

- la comparaison : "On dirait encore une de ces robes étranges de danseuses,"

3. Le paysage est un paysage de crépuscule mais plein de lumières et de richesses.

4. La nuit qui pourrait s'apparenter à l'angoisse est précédée du crépuscule qui réjouit le poète comme un repos après la journée, comme un spectacle féerique qui porte à la rêverie.

Explications :

Ô nuit ! ô rafraîchissantes ténèbres ! vous êtes pour moi le signal d’une fête intérieure, vous êtes la délivrance d’une angoisse ! Dans la solitude des plaines, dans les labyrinthes pierreux d’une capitale, scintillement des étoiles, explosion des lanternes, vous êtes le feu d’artifice de la déesse Liberté !

Crépuscule, comme vous êtes doux et tendre ! Les lueurs roses qui traînent encore à l’horizon comme l’agonie du jour sous l’oppression victorieuse de sa nuit, les feux des candélabres qui font des taches d’un rouge opaque sur les dernières gloires du couchant, les lourdes draperies qu’une main invisible attire des profondeurs de l’Orient, imitent tous les sentiments compliqués qui luttent dans le cœur de l’homme aux heures solennelles de la vie.

On dirait encore une de ces robes étranges de danseuses, où une gaze transparente et sombre laisse entrevoir les splendeurs amorties d’une jupe éclatante, comme sous le noir présent transperce le délicieux passé ; et les étoiles vacillantes d’or et d’argent, dont elle est semée, représentent ces feux de la fantaisie qui ne s’allument bien que sous le deuil profond de la Nuit.

(Extrait du poème en prose de Baudelaire : Le Crépuscule du soir (Le Spleen de paris)

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