Quelle est le temps utilisés ? Pauline Dewinckers ne lisait pas la presse gratuite. Si elle ouvrit
le journal ce soir-là, en rentrant de son travail, c'est parce qu'il
gisait à côté d'elle, abandonné sur le siège du tram, parce qu'elle
venait d'achever son roman et qu'elle se sentait désœuvrée .
Tenant le journal du bout des doigts (Dieu sait quelles mains
douteuses l'avaient manipulé avant les siennes?), elle survola
négligemment les titres de la une, puis ceux des pages deux
et trois, avant de tomber en arrêt devant un article de la page
quatre. Ou plutôt devant la photo qui accompagnait l'article de
la page quatre.
Depuis l'âge de quinze ans, elle considérait Pierre Birabet
comme le meilleur comédien français. En tout cas, il était celui
qui la touchait le plus. Qui la troublait le plus. Elle n'en était pas
amoureuse à la façon d'une midinette, d'ailleurs il ne possédait
pas ce genre de beauté immédiate qui affole les jeunes filles.
Sa séduction se cachait dans des régions plus sombres et plus
secrètes. Elle aimait sa voix grave, son visage éprouvé par la vie,

Sagot :