Sagot :
Bonjour,
Le capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien et artilleur de confession juive, est immédiatement soupçonné sur la base d'une ressemblance d'écriture. Bien que l'auteur du "bordereau" ait écrit qu'il allait "partir en manoeuvre" - ce qui n'était pas le cas du capitaine - la mécanique accusatoire se met en oeuvre.
Il est convoqué sans motif le 15 octobre 1894 au ministère de la Guerre où il est soumis à une dictée. Protestant de son innocence, il est incarcéré à la prison du Cherche-Midi à Paris, alors qu'une perquisition est effectuée à son domicile.
Afin de confondre le capitaine, une comparaison des écritures est réalisée. Le commandant Paty de Clam, pourtant néophyte en matière d'expertise graphologique, conclut dans un rapport du 31 octobre 1894, remis au général Mercier, ministre de la Guerre, qu'en dépit de quelques dissemblances, les ressemblances sont suffisantes pour justifier une enquête. Toutefois, Gobert, expert près la Banque de France, convoqué personnellement par le ministre, décèle de nombreuses divergences
Alors que l'enquête minutieuse qui avait été effectuée n'avait abouti à aucune certitude, une instruction judiciaire est engagée en novembre 1894, suite aux révélations faites par la presse. En effet, "La Libre Parole", quotidien antisémite, révèle l'affaire au grand jour et marque le début d'une très violente campagne de presse jusqu'au procès.Le 3 décembre 1894, le commandant Besson d'Ormescheville, rapporteur auprès du Conseil de Guerre, rend son rapport au général Saussier, gouverneur militaire de Paris, dans lequel il laisse sous silence les éléments pouvant innocenter Dreyfus et développe plus largement les éléments "moraux" de l'accusation (ragots concernant ses moeurs, ses prétendus traits de caractère, sa connaissance de l'allemand...).Le 4 décembre 1894, le général Saussier donne l'ordre de mettre Dreyfus en jugement.Edgar Demange, l'avocat de l'accusé, qui a accepté son rôle sous réserve de ne pas trouver dans le dossier une charge pouvant le faire douter de l'innocence de son client, n'a d'ailleurs accès au dossier qu'à cette date, alors que l'instruction est close.
Chargé du procès pour haute trahison du capitaine Dreyfus, le Conseil de Guerre qui se réunit du 19 au 22 décembre 1894 à Paris, compte sept officiers. Avant le huis clos, Demange obtient que ses premières conclusions soient lues pour que le public sache que, sur un plan strictement juridique, seule peut être retenue la similitude d'écriture, qui reste discutée.Le vide du dossier apparaît clairement lors des audiences : se défendant point par point, les déclarations de l'accusé sont corroborées par plusieurs témoignages. Officier patriote, bien noté et de surcroît très riche, aucun mobile sérieux ne ressort dans le dossier d'accusation.Malgré tout, la théorie selon laquelle Dreyfus aurait imité sa propre écriture semble avoir un certain effet sur les juges, qui va se prolonger de manière incontestable par l'intervention du commandant Henry. Ce dernier accable l'accusé en affirmant qu'une suspicion de fuites existant depuis le mois de mars 1894 le mettait en cause.Au début du délibéré, le président du Conseil de Guerre, Emilien Maurel, reçoit un pli fermé et scellé en provenance de la Section des Statistiques. Communiqué en toute illégalité, ce "dossier secret" est censé contenir les preuves irréfutables de la culpabilité de l'accusé. Confortés dans leur conviction, les membres du Conseil de Guerre mettent un terme à tout débat et déclarent l'accusé coupable.Ils le condamnent à la déportation perpétuelle (la peine de mort étant abolie pour les crimes politiques en vertu de l'article 5 de la Constitution de 1848), à la destitution de son grade et à la dégradation.Alfred Dreyfus forme un pourvoi en révision qui est rejeté le 31 décembre 1894.
Le 5 janvier 1895, la cérémonie de la dégradation se déroule dans la Cour Morlan de l'Ecole Militaire à Paris. Alfred Dreyfus est escorté par quatre artilleurs jusqu'à un huissier qui lui lit le jugement. Alors qu'il clame son innocence, un adjudant de la Garde Républicaine lui arrache ses insignes, les fines lanières d'or de ses galons, les parements de sa veste et termine en brisant son sabre.
J espère t’avoir aidé.