Sagot :
Le personnage à qui la parole est majoritairement donnée est le représentant du CDC dans le but de persuader le lecteur des dérives de la science. Nous pouvons constater qu’il est celui qui développe ses idées, propose des exemples, parvient à nous convaincre. Le rythme quaternaire : « le clone, en tout point notre semblable, éprouve, comme nous, des joies, des peines, des souffrances, des désirs… » (l 14-15) met en lumière la différence entre le clone et la machine : la capacité à éprouver des émotions. Cependant, ce que redoute le sociologue qui l’affronte, c’est de voir les clones prendre le pouvoir. Il intervient à une seule reprise. Les aposiopèses indiquent que ce dernier interrompt son adversaire afin de rendre compte de sa crainte : « … et des ambitions ! » (l 16) L’hyperbole : « redouter le pire » (l 16) rend visible sa peur. Il pense que les clones pourraient renverser les êtres humains. Le représentant du CDC réplique en expliquant que c’est le comportement cruel des humains qui est à l’origine de cette rébellion. Il utilise le substantif : « esclavage » (l 18) afin d’exprimer l’horreur que subissent les clones. L’adverbe « largement » et l’adjectif « pire » témoignent du fait que les êtres créés par l’Homme sont devenus leurs propriétés. Ils les exploitent sans aucune limite, sans aucun contrôle. Les deux phrases a-verbales : « Plus pernicieuse, en tous cas. Et surtout plus dangereuse. » (l 19) miment la férocité humaine. Néanmoins, le représentant veut montrer qu’en déléguant toutes les corvées, toutes les tâches aux clones, l’Homme est devenu esclave à son tour. La répétition : « Qui fait fonctionner la société, aujourd’hui ? Les clones, encore les clones, toujours les clones ! » (l 20) révèle que le créateur dépend totalement de sa création. La gradation ascendante : « Que ce soit sur les chantiers, dans les usines, dans les secteurs à risques comme le nucléaire, dans l’armée ou dans la police, la main-d’œuvre humaine n’existe quasiment plus. » (l 21-22-23) vise à indiquer que les clones ont remplacé les êtres humains dans tous les domaines, lesquels ont, ainsi, pu échapper au travail. Mais cette tranquillité a un prix puisqu’elle leur a offert l’occasion de tout contrôler. Le représentant souligne le manque de mesure des Hommes via la locution prépositionnelle « au détriment de » : « au détriment de la prudence la plus élémentaire » (l 24) En outre, comme le note l’animateur, n’importe qui peut posséder un clone et ce en raison des progrès de la génétique. En rendant ces êtres accessibles et bon marché, la science leur a ôté leur valeur. Ils sont devenus la cible de la surconsommation. Le paradoxe : « aujourd’hui, en acheter un nouveau coûte moins cher que de faire réparer l’ancien » (l 29) met en exergue les abus liés au progrès et l’adjectif : « éhonté » (l 30) exprime bien l’usage scandaleux qui est fait du clonage. Les dernières phrases du représentant ont pour objectif d’exposer les débordements de l’Homme qui a goûté aux avantages de la science quitte à en abuser démesurément. Il use, alors, d’une nouvelle gradation ascendante : « On ne compte plus les clones victimes de la négligence, de la distraction, voire du sadisme de leur propriétaire. » (l 30-31) Considérés comme des machines, des produits de consommation, les clones subissent les actes les plus inhumains. La modalité interrogative qui conclue notre extrait : « Combien d’entre eux meurent de malnutrition ou succombent à des jeux pervers ? » (l 31-32) porte à son paroxysme la barbarie de l’Homme.
Comme dans Frankenstein, « Journal d’un clone » rend compte des dérives de la science. Les Hommes, avides de progrès, en oublient leur humanité et traitent leurs semblables comme des machines, comme des objets qu’ils remplacent quand ils le souhaitent, qu’ils maltraitent et détruisent. L’auteur, de la sorte, veut nous faire réfléchir à un être qui pourrait, dans un futur proche, partager notre quotidien. Serait-il notre égal ou, au contraire, ferions-nous de lui notre esclave ?