Bonsoir, quelqu’un aurait un commentaire composer sur « Villes » d’Arthur Rimbaud svp ?!

Sagot :

Réponse :

Le poème en prose "villes" est comme une ilumination, c'est à dire à la fois une inspiration soudaine et une vision fortement éclairée qui s'impose à l'esprit.

I. Un décor de ville composite et imaginée

La première phrase exclamative donne le ton du texte : le poète admire le paysage urbain de nombreuses villes mais il s'agit de villes créées du rêve, il évoque aussi bien des espaces de l'ouest américain que des décor d'Orient. e qu'il va donc décrire est hors du temps et de l'espace. Les éléments du décor sont disparates : chalets, canaux, gouffres,  toits ds auberges, des champs, la mer, des beffrois, un boulevard. Etranges villes sorties de l'imagination de "l'homme aux semelles de vent" qui a beaucoup marché et aussi voyagé.

II. La fantasmagorie de l'imagination

Les matériausx étonnent le lecteur : le cristal,  perles et conques précieuses. bois, opalines, cuivre, os.
Les silhouettes aussi sont irréelles, la mythologie et le moyen âge et ses légendes  sont convoqués :  : géants, bacchantes, fantômes, Vénus, Roland, Diane, centauresses ...
Le poète évoque des paysages sonores avec tout un champ lexical du bruit : "on entend des carillons, rugissent, crie, chanteurs, dansent, sonnent, éclats, mugissent, sanglotent, hurle, chante, musique inconnue."


Une prose poétique riche en images (comparaisons et métaphores) qui crée un décor de rêve loin de l'image des romantiques qui vantaient une nature accueillante. Tel un peintre, Rimbaud compose pour nous un tableau illuminé et sonore.

Explications :

Villes 1

Ce sont des villes ! C'est un peuple pour qui se sont montés ces Alleghanys et ces Libans de rêve ! Des chalets de cristal et de bois qui se meuvent sur des rails et des poulies invisibles. Les vieux cratères ceints de colosses et de palmiers de cuivre rugissent mélodieusement dans les feux. Des fêtes amoureuses sonnent sur les canaux pendus derrière les chalets. La chasse des carillons crie dans les gorges. Des corporations de chanteurs géants accourent dans des vêtements et des oriflammes éclatants comme la lumière des cimes. Sur les plates-formes au milieu des gouffres les Rolands sonnent leur bravoure. Sur les passerelles de l'abîme et les toits des auberges l'ardeur du ciel pavoise les mâts. L'écroulement des apothéoses rejoint les champs des hauteurs où les centauresses séraphiques évoluent parmi les avalanches. Au-dessus du niveau des plus hautes crêtes une mer troublée par la naissance éternelle de Vénus, chargée de flottes orphéoniques et de la rumeur des perles et des conques précieuses, - la mer s'assombrit parfois avec des éclats mortels. Sur les versants des moissons de fleurs grandes comme nos armes et nos coupes, mugissent. Des cortèges de Mabs en robes rousses, opalines, montent des ravines. Là-haut, les pieds dans la cascade et les ronces, les cerfs tettent Diane. Les Bacchantes des banlieues sanglotent et la lune brûle et hurle. Vénus entre dans les cavernes des forgerons et des ermites. Des groupes de beffrois chantent les idées des peuples. Des châteaux bâtis en os sort la musique inconnue. Toutes les légendes évoluent et les élans se ruent dans les bourgs. Le paradis des orages s'effondre. Les sauvages dansent sans cesse la fête de la nuit. Et une heure je suis descendu dans le mouvement d'un boulevard de Bagdad où des compagnies ont chanté la joie du travail nouveau, sous une brise épaisse, circulant sans pouvoir éluder les fabuleux fantômes des monts où l'on a dû se retrouver.

Quels bons bras, quelle belle heure me rendront cette région d'où viennent mes sommeils et mes moindres mouvements ?

Rimbaud,