Sagot :
Bonsoir,
Cosette était mignonne . Triste , elle eût peut-être été laide . Nous avons déjà esquissé cette petite figure lumineuse. Cosette était potelée et rose . Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné un peu plus . Ses grands yeux éclairés par une sorte de lumière intérieure étaient presque éblouissants à force de recevoir du bonheur . Les coins de sa bouche avaient cette courbe d'un sourire perpétuel , qu’on observe chez les enfants et chez les amoureux . Ses mains étaient, comme sa mère l’avait constaté , « fines ». Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait saillir les rondeurs de ses épaules et rendait sa joie manifestement visible. Comme elle remuait en permanence , elle avait pris l’habitude de serrer ses deux mains l’une contre l’autre.
Tout son vêtement reflétait des soins qui ne manquaient pas . Elle avait sur elle une robe moirée , pas un chiffon de laine. On voyait sa peau douce çà et là, et l’on y distinguait des poignets fins . Ses jambes allongées témoignaient d'une grande vitalité . Le creux de ses clavicules était à peine marqué .
Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : je vous aime .Le bonheur était répandue sur elle ; elle en était pour ainsi dire couverte ; le bonheur explosait autour d'elle de la tête aux pieds , irradiant ceux qui l'approchaient comme un feu de joie qui ne leur laissait de souffle que le nécessaire. Il y avait au fond de sa prunelle un coin étincelant où régnait la joie de vivre .