Sagot :
Réponse :
L’usage du mot « tableau » est l’indice d’une mutation esthétique, à la fois du point de vue théorique et du point de vue pratique. Diderot, qui en est le véritable théoricien use de ce terme tantôt dans un sens général, tantôt dans une acception précise, pour désigner certains moments, certaines séquences, distinctes de la « scène » comme de l’ « acte », dans Le Fils naturel et dans Le Père de famille. Pour autant ce n’est pas encore non plus le sens de la seconde moitié du xixe siècle où l’on identifie le tableau à l’ensemble des scènes qui se déroulent dans un décor donné. En revanche on est très près de Diderot avec les tableaux de Pixerécourt et des autres « mélodramaturges ». Cette acception va entrer dans le vocabulaire de la critique et de la poétique à mesure que se répand, dans les textes et la pratique du théâtre, l’élément formel qu’elle désigne. Et cependant, comme souvent chez ce grand polyphoniste, elle ne laisse pas d’être ambiguë. Il propose, dès les Entretiens sur le fils naturel, une définition bâtie sur une opposition :
« Moi. – Mais quelle différence mettez-vous entre un coup de théâtre et un tableau ?
« Dorval. – J’aurais bien plutôt fait de vous donner des exemples que des définitions. Le second acte de la pièce s’ouvre par un tableau, et finit par un coup de théâtre.
« Moi. – J’entends. Un incident imprévu qui se passe en action et qui change subitement l’état des personnages, est un coup de théâtre. Une disposition des personnages sur la scène, si naturelle et si vraie, que rendue fidèlement par un peintre, elle me plairait sur la toile, est un tableau…
Explications :