Sagot :
Bonjour
Plus nous connaissons des choses, plus nous sommes conscients de la réalité, de ce qui pourrait nous arriver de grave, et plus nous serions inquiets. Pas assez de connaissance nous plonge dans l’inquiétude, trop de connaissance, nous plonge également dans l’inquiétude. Un second élément vient gripper le moteur nietzschéen de la connaissance. Si connaître a pour objectif de se rassurer, il est en effet utile à la vie de ne pas connaître les faits qui pourraient nous inquiéter – comme le racisme, antisémitisme, perte des libertés. Ne pas connaitre le réel peut alors nous conduire à vivre dans une bulle, totalement déconnecté du monde et de ses problèmes. A l’extrême, à force de nier, même inconsciemment, la réalité, nous finissons par nous détruire nous-même.
En effet, connaître c’est vouloir se rassurer par ce qui est familier. C’est à ce point important que c’est même un instinct de survie. Or ce qui est familier pour les uns, ne l’est pas forcément, voire pas du tout, pour les autres. Ainsi, le même élément nouveau peut être connu de manière totalement différente d’une personne à une autre. Il semble ne pas y avoir de vérité absolue ni qu’une seule vérité.
Poussé à l’extrême, nous pourrions même dire connaître quelque chose alors que nous sommes dans l’erreur. En effet, peu importe si ce que je connais est vrai ou si je suis dans l’erreur puisque je suis rassuré. Le problème est que nous sommes en présence d’opinions et non de vérités scientifiques. Dans ce cas, nous pourrions rejoindre Bachelard qui dit que l’opinion est à bannir. La motivation de Nietzsche à connaître n’est pas une motivation à rechercher la vérité (pour peu qu’elle existe). Ce n’est pas non plus une motivation du savoir (toujours connaitre plus). Nietzsche privilégie le plaisir ou le ravissement personnel, dans sa petite bulle, à la réelle connaissance des choses.
L’homme cherche à connaître pour retrouver une situation familière et être en sécurité. Nous avons pu constater que certaines choses ne sont guère familières et ne font pas parties de nos règles et pourtant nous les connaissons. En outre, comment connaitre quelque chose de nouveau si nous nous obstinons à le raccorder à quelque chose de connu. Pourtant la proposition de Nietzsche est tout à fait en phase avec les cartésiens comme les empiriques et au fond décrypte bien le fonctionnement de l’homme du peuple. En outre, connaitre pour ne pas avoir peur peut en effet être utile pour la qualité de vie mais peut avoir pour conséquence de se détacher de la réalité à force de trop la simplifier ou de la nier. En outre, ce moteur de la connaissance n’a absolument pas pour objectif de connaitre la vérité, ce qui est juste ou démontrable. Mais là encore, Nietzsche présente un moteur de connaissance très pragmatique et utile : ce qui importe, c’est au fond d’en savoir assez pour être rassuré et être heureux.