Réponse :
Un sonnet pour raconter un halte dans un cabaret à Charleroi après une très longue marche. Rimbaud a 16 ans et il a fugué.
Après avoir dans les deux premiers vers évoqué les difficultés de la route, de la longue marche qui a déchiré ses bottines, il entre à cinq heures du soir au Cabaret vert. Le lieu est nommé et il devient le symbole d'une halte bénéfique. Ce sera une pause pour se restaurer de tartines, pour détendre le corps fatigué : "j'allongeai les jambes sous la table". Les sensations sont corporelles, visuelles puisqu'il regarde les tapisseries murales. Ses sens d'adolescent aussi sont en éveil puisqu'il remarque la poitrine de la fille qui sert aux tables. Le repas est simple : tartines beurrées, jambon tiède dans un plan coloré. Tout est précis dans son souvenir jusqu'à la gousse d'ail et la chope de bière qui déborde de mousse.
Explications :
Au Cabaret-vert
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
