Sagot :
Bonjour
Le jugement de soi ne recèle pas toujours la vérité d’une action. On peut faire des contre-sens ou être certains de faire le "bien" alors qu’il en va tout autrement. Par exemple, les terroristes qui posent des bombes et qui peuvent tuer des dizaines, voir des centaines de personnes. Ceux-là, peuvent très bien faire leurs propre jugement et auraient une réponse toute faite et crédible. S’ils le font, c’est soit à des fins politiques, religieuses ou idéologiques. En tout cas, ils pensent tous avoir d’excellentes raisons de le faire, et les victimes seraient simplement des sacrifices ou des dommages collatéraux. Tout dépend donc de ce que l’on considère comme "bien" ou "mal". C’est pourquoi il faut faire très attention avec le jugement de soi. Certaines personnes peuvent penser être des monstres tout simplement parce qu’elles désirent des choses qu’on leur à interdites, mais qui sont, en réalité, tout à fait naturelles. On se demandera donc qu’est-ce que la morale ? Puisqu’elle ne semble jamais être partout pareille. Ce que les uns concevront comme étant inacceptable, d’autre le jugeront normal voire bien
Le jugement de soi est donc personnel et en rapport à la morale de la personne qui fait ce jugement. Si je me juge, selon mes propres critères, le résultat de mon jugement ne serait sans doute pas le même que celui de quelqu’un d’autre, même si l’on se trouve dans une situation semblable.
Pour répondre au problème initial, on pourrait croire que pour se juger soi-même, il faut simplement avoir une conscience profonde de soi et de son existence, ce qui entrainerait la connaissance de soi et par-delà le jugement. On a prouvé précédemment qu’il en allait tout autrement en acte puisqu’il n’était guère évident de séparer en deux parties le moi pour le juger. De plus, nous ne connaissons pas parfaitement ce "moi " puisqu’une de ces parties reste inconnue.
Pour résoudre ce problème épineux, il faut changer d’angle de vue et ce demander "pourquoi doit-je me juger ?". Si les raisons pour lesquelles il faut se juger font partie de nos devoirs envers nous-mêmes, alors la question ne se pose plus : si je dois le faire, je le peux. Cette réponse ouvre sur un autre problème, celui de savoir quels sont les devoirs que nous avons envers nous-mêmes. Le devoir implique toujours le renoncement à une partie de soi et de ses tendances naturelles pour une autorité jugée supérieure. C’est donc renoncer à une certaine liberté. Mais ne pas avoir de devoirs envers soi-même, c’est vivre sans aucune morale puisque nous ne devrions des comptes à personne, pas même à nous-mêmes, ce qui nous rendrait esclave de nos désirs. Avoir des devoirs envers soi-même nous laisserait le choix entre suivre la voix de sa raison ou ses désirs. Et la définition d’être libre, c’est d’avoir le choix. Si je suis toujours mes désirs, je suis esclave car je n’ai pas le choix de ne pas les suivre. Je suis obligé. Alors avoir des devoirs envers soi-même serait en réalité être libre. Et puisque se juger soi-même fait partie de nos devoirs envers nous-mêmes, alors se juger soi-même serait d’être plus libre. En effet, quand je me juge, je fais des choix, je choisis de changer ou non, je choisis de m’accepter etc. et le choix, c’est la liberté.