Sagot :
Réponse :
« Ma chère Édith,
La vie ici est très dure. Dans les tranchées, l’odeur de la
mort règne. Les rats nous envahissent, les parasites nous
rongent la peau ; nous vivons dans la boue, elle nous
envahit, nous ralentit et arrache nos grolles. Le froid se
rajoute à ces supplices. Ce vent glacial qui nous gèle les
os, il nous poursuit chaque jour. La nuit, il nous est
impossible de dormir. Être prêt, à chaque instant, prêt à
attaquer, prêt à tuer. Tuer, ceci est le maître-mot de
notre histoire. Ils nous répètent qu’il faut tuer pour
survivre, je dirais plutôt vivre pour tuer. C’est comme
cela que je vis chaque minute de cet enfer. Sans hygiène.
Sans repos. Sans joie. Sans vie.
Cela n’est rien comparé au trou morbide où ils nous
envoient. Sur le champ de bataille, on ne trouve que des
cadavres, des pauvres soldats pourrissant sur la terre
imprégnée de sang. Les obus, les mines, détruisent tout
sur leur passage. Arbres, maisons, et le peu de
végétation qu’il reste. Tout est en ruine. L’odeur des
charniers, le bruit des canons, les cris des soldats…
L’atmosphère qui règne sur ce champ de carnage
terroriserait un gosse pour toute sa vie. Elle nous
terrorise déjà.[...] Ah ! Ce que j'aimmerais te revoir ma chére épouse! »
Lettre d'un poilu , pierre, 22 septembre 1916 à verdun .
J'ai le cafard. Voilà six mois que ça dure, six mois, une demi-année qu'on traîne entre la vie et la mort, cette misérable existence qui n'a plus rien d'humain ; six mois sans espoir. Pourquoi tout ce massacre ? Est-ce la peine de faire attendre la mort si longtemps à tant de milliers de malheureux, après les avoir privés de vie pendant des mois. Nous devenons des brutes. Je le sens chez les autres, je le sens chez moi. Je deviens indifférent, sans goût, j'erre, je ne sais quoi faire.