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Bonjour, est-ce que quelqu'un pourrait m'aider pour une devoir à rendre pour demain

- Alors, tu vas vraiment faire ça ? « Évoquer tes souvenirs d’enfance »... Comme ces mots te gênent, tu ne les aimes pas. Mais reconnais que ce sont les seuls mots qui conviennent. Tu veux « évoquer tes souvenirs »... il n’y a pas à tortiller. C’est bien ça.
- Oui, je n’y peux rien, ça me tente, je ne sais pas pourquoi...
- C’est peut-être... est-ce que ce ne serait pas... on ne s’en rend parfois pas compte... c’est peut-être que tes forces déclinent...
- Non, je ne crois pas... du moins je ne le sens pas...
- Et pourtant ce que tu veux faire... « évoquer tes souvenirs »... est-ce que ce ne serait pas...
- Oh, je t’en prie...
- Si, il faut se le demander : est-ce que ce ne serait pas prendre ta retraite ? te ranger ? quitter ton élément, où jusqu’ici, tant bien que mal...
- Oui, comme tu dis, tant bien que mal...
- Peut-être, mais c’est le seul où tu aies jamais pu vivre... celui...
- Oh, à quoi bon ? je le connais.
- Est-ce vrai ? Tu n’as vraiment pas oublié comment c’était là-bas ? comme là-bas tout fluctue, se transforme, s’échappe... tu avances à tâtons, toujours cherchant, te tendant... vers quoi ? Qu’est-ce que c’est ? ça ne ressemble à rien... personne n’en parle... ça se dérobe, tu l’agrippes comme tu peux, tu le pousses... où ? n’importe où, pourvu que ça trouve un milieu propice où ça se développe, où ça parvienne peut-être à vivre... Tiens, rien que d’y penser...
- Oui, ça te rend grandiloquent. Je dirai même outrecuidant. Je me demande si ce n’est pas toujours cette même crainte... Souviens-toi comme elle revient chaque fois que quelque chose d’encore informe se propose... Ce qui nous est resté des anciennes tentatives nous paraît toujours avoir l’avantage sur ce qui tremblote quelque part dans les limbes...
- Mais justement, ce que je crains, cette fois, c’est que ça ne tremble pas... pas assez... que ce soit fixé une fois pour toutes, du « tout cuit » donné d’avance...
- Rassure-toi pour ce qui est d’être donné... c’est encore tout vacillant, aucun mot écrit, aucune parole ne l’ont encore touché. Il me semble que ça palpite faiblement... hors des mots... comme toujours... des petits bouts de quelque chose d’encore vivant... je voudrais, avant qu’ils disparaissent... laisse-moi…




1. Qu’est-ce qui fait l’originalité de ce texte ?

2. A votre avis, pourquoi l’auteure utilise-t-elle l’interrogation à de nombreuses reprises ?

3. Qui est l’auteur de ce texte ? Qui en est le narrateur ? Qui en est le personnage principal ?

merci :)

Sagot :

Réponse :

1. L'originalité de l'incipit de Enfance de Nathalie Sarraute est qu'il utilise la forme dialoguée pour parler du projet autobiographique.

2. L'interrogation permet à l'auteur et à son double de réfléchir sur les motivations et les difficultés du genre autobiographique.

3. L'auteur est Nathalie Sarraute.

Le narrateur est encore Nathalie Sarraute et son double.

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