Sagot :
Bonjour
Afin d’identifier ce qui me définit et me permet de me connaître il convient de se reporter également à mon contact vers le monde extérieur. En effet, sans la présence d’autrui, serait-il possible de se connaître soi-même ? En d’autres termes, suis-je dépendant des autres pour prendre conscience de moi-même ? Suis-je une conséquence de mon entourage ou bien une création personnelle ? Mon contact vers le monde extérieur se fait grâce à mon corps qui perçoit et transmet cette perception vers mon esprit : c’est la prise de conscience que d’autres choses existent autour de moi. Par cette expérience de négation du moi, je prends à la fois conscience du monde qui m’entoure et de ma place par rapport à ce monde. A souvent été utilisée l’île comme lieu d’expérience humaine, un monde indépendant et à échelle réduite. Ainsi, il est intéressant de prendre l’exemple de Robinson Crusoé, personnage créé par Daniel Defoe, pour étudier le caractère humain. Michel Tournier dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967) établit que celui-ci n’aurait pu échapper à la folie dans une solitude complète. Il déduit donc de l’isolement que la conscience de soi n’est pas spontanée mais soutenue par "un réseau de points de vue sur lui-même et sur ce qui l’environne". Autrui devient donc "pièce maîtresse de mon univers". Autrui est à la fois mon semblable et mon altérité dans le sens où tout comme moi c’est un être doué de raison mais il peut se distinguer de moi par ses pensées, ses actions et son identité : c’est l’alter ego, un autre moi que moi. Il me sert donc de référence à laquelle je peux adhérer ou que je peux rejeter- par rapport à moi et au monde. Sartre dira dans L’Etre et le Néant (1943) "Autrui est le médiateur entre moi et moi-même". Il existe donc bien d’après lui une situation de dépendance aux autres entre un "moi" assumé et un "moi-même" incertain et inconnu dans sa totalité. L’autre permettrait donc de réconcilier deux parties de moi-même apparemment dissociables.
Se connaître est un défi tout particulier car il s’agit de se rapprocher de ce qui est censé être le plus proche de nous. Le fait d’être étranger à soi-même peut remettre en question plusieurs principes philosophiques par exemple la liberté : l’homme est-il libre puisqu’il ne se contrôle pas entièrement ? Ma conscience me permet d’acquérir cette liberté que je perds pendant mes moments d’absence (sommeil, rêves, coma, évanouissement…). Le facteur temps s’ajoute à cela et complique encore cette excursion aux abîmes de mon être. La raison dont je suis doué cherche à analyser les pourquoi et les comment de mon existence et c’est certainement pour cela que l’homme a pu évoluer ainsi, créer et construire comme il l’a fait à travers les siècles, ce mystère et notre curiosité sont devenus les moteurs de notre existence.