Sagot :
Le mot anglais stranger reflète avec précision, mais aussi avec douleur, la façon dans laquelle plusieurs fois je me sens aux États Unis. Stranger c'est un étranger, quelqu'un qui n'appartient pas à cet endroit, qui vient de l'extérieur. Il est aussi un intrus et suggère un danger pour le groupe. Mais par-dessus tout, un stranger est un inconnu. Je travaille depuis plus de trois décennies à la télévision en espagnol aux États Unis et je suis toujours un stranger pour des millions d'Américains. Certains m'ont sûrement vu dans une émission de télévision en anglais, ont lu sur moi ou m'ont suivi sur Twitter ou Facebook, mais cela ne veut pas dire qu'ils me sentent comme faisant partie de leur communauté. Je serai toujours un étranger. Je suis l'autre. Je suis celui de l'extérieur. Je suis un stranger. Malgré d'avoir deux enfants nés aux États-Unis. Malgré d'être devenu citoyen américain et d'avoir un passeport bleu. Malgré de vivre dans ce pays depuis 1983. Malgré avoir fait tout ce qui doit être fait pour s'intégrer: apprendre l'anglais, payer des impôts, étudier ses coutumes [...]. Rien de tout cela ne semble avoir été suffisant. Peut-être que le problème était mes attentes. Oui, je suis un immigrant né au Mexique. Mais je pensais qu'après avoir passé plus de la moitié de ma vie aux États-Unis, je serais totalement accepté dans mon nouveau pays. Il n'en a pas été ainsi. La formule n'a pas complètement caillé. On suppose qu'un immigrant doit pouvoir s'intégrer avec une relative facilité dans une nation crée par des immigrés.