Sagot :
Réponse :
Explications :
Les enquêtes portant sur les goûts musicaux ont connu un essor notable durant les dernières décennies. Cette profusion s’explique en partie par l’impulsion donnée à ce thème de recherche par les travaux de Michèle Lamont (1992), Paul DiMaggio (1987 ; DiMaggio et al., 1996 ; DiMaggio & Moktar, 2004) et ceux de Richard Peterson (1992a, 2004 ; Peterson & Kern, 1996). Leurs recherches avaient pour ambition de tester le modèle théorique de La Distinction de Pierre Bourdieu (1979), tant du point de vue de sa validité intrinsèque, que de son éventuelle limitation historique et géographique.
3Richard Peterson propose une structuration des goûts selon l’opposition « omnivore » (apprécier plusieurs genres, qu’ils soient élitistes ou populaires) / « univore » (se limiter à des genres populaires ou élitistes) à mesure que l’on passe des classes supérieures aux classes populaires. Les travaux de Michèle Lamont (1992) suggèrent pour leur part que le passage d’une différenciation sociale à une inégalité dépend de la force des barrières symboliques. Philippe Coulangeon (2003) a proposé une actualisation du modèle de la distinction en mettant en avant la légitimation de certains genres et le maintien de corrélations entre le goût pour des genres « élitistes » (musique classique, jazz) et des positions sociales favorisées. Enfin, Hervé Glévarec et Michel Pinet (2009, 2013) remettent en question de façon plus radicale la thèse de la distinction en proposant le modèle de « la tablature des goûts musicaux » dans lequel les pratiques au fil des générations effacent les hiérarchies entre les genres et amènent toutes les classes sociales à converger vers les genres « populaires » (notamment le rock). Cependant, une approche intra-genre, par les artistes par exemple, permet de mettre en lumière des logiques différenciées selon le sexe, le milieu social ou l’âge au sein d’un même genre musical (Laffont & Tudoux, 2017). Qui veut étudier les goûts en matière de musique se trouve donc face à des modèles explicatifs à la fois très convaincants et contradictoires.
4Récemment, Nicolas Robette et Olivier Roueff (2014) ont suggéré que les divergences concernant le concept d’éclectisme sont partiellement dues à des questions de méthode. Faute de données suffisamment précises, la recherche est limitée à un éclectisme au niveau des genres musicaux.