Sagot :
Réponse :
Explications :
L’action de Mon bel oranger se déroule au Brésil, non loin de Rio, avant la Seconde Guerre mondiale, quand les petits garçons allaient au cinéma et rêvaient devant les films de l’acteur Tom Mix et leurs grandes sœurs de Rudolph Valentino. Zézé est de ceux-là. C’est un enfant de presque six ans, d’une intelligence rare, qui a appris à lire seul, avant même de fréquenter l’école. Cela s’est fait naturellement, bien que personne n’ait jamais pu l’aider à la maison. En effet, la famille de Zézé est pauvre, d’une pauvreté qui frise la misère. Son père a perdu son emploi, sa mère s’épuise à de pénibles travaux d’usine, et ses frères et sœurs ont dû quitter l’école depuis longtemps déjà, afin d’aller gagner quelques sous ou d’aider à la maison.
Malheureusement pour Zézé, il est aussi dissipé qu’il est intelligent. C’est comme si un diablotin lui parlait à l’oreille et lui inspirait les farces les plus terribles. Il en rit, mais ceux qui l’entourent ne rient pas du tout, et le malheureux petit est battu comme plâtre par tous les membres de sa famille, qui ne connaissent pas d’autre façon d’éduquer un enfant. Dès qu’une farce est commise dans le quartier, c’est Zézé qu’on pointe du doigt et les coups pleuvent sur son corps maigre. L’enfant trouve cela normal : après tout, il est méchant ; du moins, c’est ce qu’on lui répète sans cesse. Mais comme il aimerait que cesse cette pluie de coups quotidienne qui lui meurtrit le corps et l’âme ! Seule sa sœur Gloria se refuse à accabler le petit frère et le défend contre les autres.
Alors Zézé rêve ; il invente un monde merveilleux qu’il décrit à son petit frère Luis qui l’adore : le poulailler vétuste devient un jardin zoologique, la vieille poule noire se mue en féroce panthère, la haie du petit jardin devient la côte de la lointaine Europe. Son oncle Edmundo lui raconte des histoires et lui enseigne de nouveaux mots ; il est le seul à avoir compris combien Zézé est vif d’esprit. Mais la misère est là, et il faut manger, c’est pourquoi l’enfant parcourt les rues, muni de sa petite caisse pleine de brosses et de cirages, et propose ses services de cireur de souliers aux passants. Cela lui permet de ramener un peu d’argent à la maison, et de s’acheter, parfois, quelques billes ou quelques images.
À la maison, la fête de Noël est un triste jour car l’argent manque tant que les enfants n’ont pas de cadeaux, et que le repas de fête se compose seulement de pain trempé dans du vin. L’atmosphère est si lourde et le regard de son père est si triste que ce jour-là, Zézé s’empare de sa petite caisse de cireur et parvient à gagner quelques sous, avec lesquels il achète un beau paquet de cigarettes à son père. Zézé passe pour un diable, mais en réalité, c’est un ange.
Ce Noël est d’autant plus triste que la misère oblige la famille à déménager le lendemain, afin d’occuper un logis au loyer moins lourd. Ce départ, Zézé le vit comme un exil, mais quelle joie il éprouve quand il découvre dans le petit jardin de la nouvelle maison un jeune oranger, frêle comme lui, qui va devenir son confident. Zézé adopte l’arbre, qu’il baptise Minguinho, et lui parle. Assis à califourchon sur sa seule branche, l’enfant se confie à l’arbrisseau, et Minguinho lui répond. L’enfant passe des heures auprès de son arbre, à qui il raconte ses journées à l’école, car il va à l’école maintenant. Bien qu’il n’ait pas encore six ans, il a été admis en classe où il se montre un élève brillant, le meilleur même. Son institutrice, qu’il aime beaucoup, n’a pas manqué de remarquer les exceptionnelles aptitudes de Zézé et a bientôt reconnu en lui une âme pure et innocente, et non pas un mauvais démon. Zézé raconte aussi à Minguinho ses équipées avec Ariovaldo, le vendeur de musiques. Le bonhomme parcourt les rues en vendant les partitions des derniers succès à la mode, et chante pour convaincre sa clientèle. Zézé l’a persuadé d’accepter sa présence et son aide, et les duettistes, une fois par semaine, vont de rue en rue et parviennent à vendre leurs feuillets.
Zézé raconte aussi ses jeux et ses farces, comme le jour où il a ciré un trottoir à l’aide de morceaux de bougies, et où une voisine s’est étalée sur cette patinoire. Et il y a la chauve-souris. C’est un jeu dangereux, mais c’est le plus drôle : on saute sur une voiture qui roule, on s’accroche à l’arrière, et on saute sur une autre voiture qui passe. Zézé est un expert, et aucune voiture ne lui fait peur, à part celle du marchand portugais Manuel Valadares, la plus belle, la plus grande, la plus rapide, dont le propriétaire, un gros homme peu avenant, l’inquiète un peu. Il essaie pourtant, et le châtiment ne tarde pas : le Portugais saisit l’enfant par le col, et lui donne une magistrale fessée. Zézé voue dès lors une haine brûlante à ce triste individu.