Sagot :
Réponse :
1939, la seconde guerre mondiale commence, et déjà fleurissent des œuvres littéraires et des tableaux de touts coins du monde. Ces œuvres, écrites par des soldats, des survivants, ou des artistes engagés n’ont qu’un seul but : raconter. Mais d’après vous, l’expression artistique apporte-t-elle quelque chose à l’évocation du passé ?
L’expression artistique, contrairement au simple documentaire, peut faire passer des émotions à travers l’œuvre, comme, par exemple, dans « Persepolis » de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi. Dans ce long-métrage, la guerre d’Iran, et la révolution qui la précède, est vu à travers les yeux d’une petite fille, puis plus tard dans le récit, d’une adolescente. Par ce procédé, le spectateur, sera plus touché par la mort d’un protagoniste, de part de l’attachement qu’il aura envers le personnage. Ainsi, le spectateur peut ressentir l’émotion du personnage principal, à travers l’œuvre artistique (dans ce cas là le long-métrage), par rapport à un simple documentaire où on ne ressentira généralement aucune émotion particulière. Ainsi par ce procédé, la dimension sentimentale de l’événement historique concerné sera mis à jour, là où un simple documentaire n’aurait fait que raconter les faits avec objectivité et neutralité.
L’expression artistique permet aussi, dans certains cas, de raconter des événements plus précis d’un grand événement historique. Par exemple, dans « L’ami retrouvé » de Fred Uhlman, on aborde la montée du nazisme en Allemagne dans les années trente, non pas sous un aspect politique, mais sous un point de vue plus personnel d’un jeune juif, et de son ami, bourgeois et fils d’antisémites. Dans ce récit, on voit la discrimination progressive du personnage principal au cœur de l’Allemagne, ce qui est un autre point de vue que le simple documentaire, pas meilleur ou moins bon mais différent.
Le problème principal de l’expression artistique est le manque d’objectivité. En effet un artiste qui racontera un événement historique important ne pourra avoir une objectivité comparée à celle d’un manuel d’Histoire. Par exemple, dans « Antigone » de Jean Anouilh, l’auteur critique secrètement le régime de Vichy et l’occupation allemande, mais en tant que citoyen français, il vit ces événements au quotidien, ce qui a pour effet de très légèrement déformer sa perception de la réalité, ainsi, il raconte en quelque sorte un épisode de sa propre vie, rendant toute objectivité impossible, ou bien seulement partielle. Par l’expression artistique, on perd l’objectivité d’un documentaire au profit de la subjectivité de l’auteur.
J’en conclus que l’expression artistique est préférable au simple documentaire, car elle a une dimension sentimentale qui peut potentiellement intéresser le spectateur, là où le simple documentaire peut l’ennuyer, voir le désintéresser de l’événement historique ciblé, malgré son objectivité essentielle. Mais c’est là que vient une nouvelle problématique, « Lors du récit d‘événements passés, vaut-il mieux préférer l’objectivité, ou la subjectivité, du récit ? »