Sagot :
réponse:
Le lendemain du télégramme, Carl était parti pour Gera. Il portait un jean propre et sa vieille veste de moto noire avec les fermetures éclair inclinées sur sa poitrine et sous une chemise fraîchement lavée. Il possédait trois de ces chemises de travail sans col, des chemises identiques avec de fines rayures bleu pâle qui dataient d'avant son entrée à l'université, de son apprentissage en construction. Il s'était même coupé un peu les cheveux, laborieusement, avec ses ciseaux à ongles émoussés - la longueur des épaules devrait suffire. (...) C'était une vieille piste extérieure avec une plate-forme en bois de fortune. Et en fait, ce n'était pas une plate-forme, plutôt une rampe avec de l'herbe et quelques jeunes bouleaux qui en poussaient, qui ne semblaient pas se soucier beaucoup des huiles usées et des excréments. Ses feuilles brillaient de jaune. Carl vit cette lueur et entendit le bruit de ses pas sur le bois de la rampe, ils marchaient comme des forçats d'affilée vers le hall de la gare, sur une allée étroite entre les voies. La salle semi-sombre était bondée, un mouvement de balancement, des cris et des rugissements. (...) Carl s'est lentement poussé dans la foule. Sa poche restait coincée. La sangle lui coupa l'épaule et menaçait de se déchirer. Immédiatement, il regretta d'avoir traîné tous ses papiers et livres avec lui - quelle stupidité, quelle insouciance de sa part.