Sagot :
À la suite de sa victoire contre Marc Antoine lors de la bataille d'Actium en 31 avant J.C., Octave devient l'unique maître de l'Empire romain. Si, désormais, il concentre en lui la totalité des pouvoirs de la République, le peuple et le Sénat romain ont une haine profonde envers les Rois qui sont considérés comme des tyrants. Octave souhaite donc éviter le sort de son père adoptif, Jules César, assassiné deux décennies plus tôt du fait de ses prétendues ambitions de devenir roi. Ainsi, comment Octave, devenu Auguste (« le plus illustre »), opère-t-il un équilibre délicat entre sa concentration des pouvoirs au sein de l'Empire, tout en préservant les institutions de la République romaine ?
1) En 27 avant Jésus Christ, Auguste est le dirigeant suprême et incontesté de la République romaine.
Il détient :
- Le pouvoir politique : il devient tribun de la plèbe à vie, et dictateur à vie
- Le pouvoir militaire : il est Imperator et possède l’imperium proconsulare ; c’est le chef incontesté de l’ensemble des légionnaires romains
- Le pouvoir religieux : il est le grand prêtre à la tête du collège des pontifes romains (pontifex maximus)
2) Pour autant, il concilie cette concentration contraire aux valeurs républicaines en maintenant les institutions républicaines traditionnelles et en s'érigeant comme le rétablisseur de la paix romaine, tout en refusant le titre de Rex (roi)
- Il préserve les offices traditionnels de la République : il abdique en 23 av JC de la fonction de consul, qui continuent à être nommés tous les ans, maintient le cursus honorum (quaestor, praetor, consul) et préserve le Sénat qui conserve son prestige. Il satisfait ainsi les élites.
- Il met en avant le fait que c’est grâce à lui que les décennies de guerre civile se sont terminées. Si la République romaine était instable et violente la guerre, le règne d’Auguste est paisible et prospère ; il officialise ce discours via la propagande augustéenne (ex : publication des Énéides de Virgile, qui trace un lien direct entre la gens des Julii, dont fait partie Auguste, et les rescapés de Troie qui sont les ancêtres mythiques de Rome). Il satisfait ainsi le peuple.
- Il rejette le nom de Roi, préférant le terme « princeps » (premier parmi les Citoyens).
Conclusion : ainsi, Octave devenu Auguste concentre en lui la totalité des pouvoirs des institutions républicaines, mais en même temps maintient l’illusion d’avoir « sauvé » la République en mettant fin aux guerres civiles et en préservant les offices de dignitaires romains traditionnels. L’ère du principat dure jusqu’au IIIème siècle ap. J.C., lorsque Dioclétien met définitivement fin à cette illusion et assume pleinement sa fonction de maître des sujets de l’Empire, le « dominate ».