Sagot :
Bonjour
Voici quelques idées qui pourraient t’aider à trouver ton plan:
A) Le Contexte
• Baudelaire se sent incompris et rejeté. Ce poète de la seconde moitié du XIXe siècle est l’héritier de la génération romantique, victime du « mal du siècle ». La mort de son père, le remariage de sa mère, une jeunesse désordonnée qui conduit sa famille à le placer sous tutelle: Baudelaire est tout le contraire de Victor Hugo, écrivain établi et reconnu.
• Les femmes occupent une place importante dans la poesie de Baudelaire. Trois d’entre elles sont à connaître: l’exotique et sensuelle Jeanne Duval, Marie Daubrun, la comédienne aux yeux verts qui le quittera pour un autre poète et Madame Sabatier l’égérie des artistes qui incarne l’amour idéalisé.
• Depuis l’Antiquité, deux conceptions de la poésie coexistent: l’une d’elles voit en l’artiste un être exceptionnel
« Qui plane sur la vie et comprend sans effort/ Le langage des fleurs et des choses muettes » (Baudelaire,
« Élévation » ). Sans appartenir à un courant défini, Baudelaire se situe entre les romantiques ( le poète est un « prophète », un « rêveur sacré » selon Hugo) et les symbolistes, qui, dans une perspective platonicienne, entreprennent de découvrir, au delà de nos sens, un monde plus vrai qui nous dépasse.
B) Les principaux repères:
• Baudelaire enrichit Spleen et Idéal de La Mort ; il crée une nouvelle section ( Tableaux parisiens) qui comprend des poèmes figurant en 1857 dans Spleen et Idéal et de nouveaux poèmes. Le recueil compte désormais 126 poèmes.
• Influencé par les romantiques, Baudelaire écrit à la 1ère personne, exprime ses émotions, raconte ses souvenirs: c’est un renouvellement du lyrisme. Mais il s’agit moins de parler de soi que d’atteindre l’universel. Le « je » est un procédé d’ecriture: il peut représenter Baudelaire mais aussi le poète ou l’homme en général.
• Aspirant à s'élever pour atteindre l’idéal et déchiffrer enfin le monde, le poète est prisonnier du « spleen » qui l’étouffe et l'empêche de s’élever.
C) Parcours: « Alchimie poétique: la boue et l’or »
• « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l´or. » Ce dernier vers de « Ébauche d’un Épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal » résume une des lignes majeures du recueil. Le poète est doublement ambitieux. Dans le sonnet des
« Correspondances » il adopte une vision platonicienne du monde et se donne pour vocation d’utiliser la palette des sensations pour déchiffrer « la forêt de symboles » et atteindre les « choses infinies ». Le titre du recueil comme le dernier vers de l´épilogue ouvrent une perspective un peu différente: le poète en alchimiste, métamorphose la réalité négative. Il tire ses « Fleurs » du « Mal » lui-même comme en témoigne le poème « Une charogne ».
• Le terme « alchimiste », qui exprime cette transformation d’une réalité décevante en un monde idéal, renvoie à Arthur Rimbaud qui a intitulé un de ses textes « L’Alchimie du verbe »:
« J’inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - [...] je me flattai d’inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l’autre, à tous les sens. » La transformation de la « boue » en « or » suppose un travail sur le langage, mais son ambition démesurée porte les germes de l’échec: l’angoisse du spleen chez Baudelaire ou la folie chez Rimbaud.
• On retiendra aussi l’idée que la beauté d’un poème ne tient pas à ce qu’il peint ( une charogne chez Baudelaire, un pou chez Lautréamont ) mais à sa métamorphose par la force du langage poétique. Francis Ponge, dont les poèmes travaillés transfigurent les objets du quotidien, est, à sa façon, aussi un alchimiste.