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Sagot :

Bonjour

Si l’espoir reste une chose de l’esprit, il faut néanmoins analyser ce qu’il peut représenter en termes de projets et d’actions réelles, afin de savoir s’il se heurte à des limites dans son existence comme dans ses accomplissements.

L'espoir peut toucher à tout ce que permet l’étendue de l’imagination humaine. Cependant s’il consiste en la perspective d’un avenir meilleur, le fait d’espérer quelque chose d’impossible n’est-il pas incompatible avec le sentiment de bien-être qui accompagne l’espoir ? C’est là que l’espoir se heurte à la raison dans le sens où chaque être humain, si l’on exclue les malades mentaux, est doté de cette raison qui lui permet de discerner le possible de l’impossible. Si la dimension de l’espoir est celle de la probabilité, il n’en reste pas moins que la logique reste immuable : j’aurais beau espérer de toutes mes forces, pour une raison quelconque, que lorsque je lance une pomme, celle-ci s’envole vers le ciel, la gravité sera toujours là pour contrer cet espoir. Cet aspect rigide de la raison en tant qu’elle réduit les espoirs peut alors mener l’être humain à la haïr.

Par ailleurs l’espoir doit, pour se réaliser, aller de pair avec une action qui irait dans le sens de son accomplissement : l’espoir ne suffit jamais à lui même pour se réaliser puisqu’il n’est qu’un produit de l’esprit. Ainsi celui qui le porte en lui doit donner à son espoir les moyens de se produire, et ceci peut avoir plusieurs conséquences. La première est que l’espoir peut être irréalisable en pratique, et donc malgré ses efforts pour le réaliser, la confrontation à un perpétuel échec peut mener à la perte de tout espoir. A une plus grande échelle, Albert Camus explique dans Le Discours de Suède que suite aux horreurs vécues en Europe lors des deux guerres mondiales, les générations du XXe ont perdu foi en l’humanité, et écartant tout espoir elles ont sombré dans le nihilisme, une doctrine niant qu’il existe un quelconque absolu, pouvant amener à dénier tout fondement moral, tout sens à l’existence.

Ensuite, si l’espoir que nourrit un individu implique dans sa réalisation une action illégale ou immorale, il est indispensable que la logique, la morale interne à cet individu fassent barrage à cette action : en effet dans le cas où un esprit débridé aurait pour espoir d’accomplir un acte qui impliquerait de modifier son environnement afin que celui-ci n’empêche pas la réalisation de l’objet de son espoir, et ce impliquant des actes contraires à la loi et à la morale, l’espoir ne saurait justifier un crime. L’existence de barrières morales acquises par le biais de l’éducation entravant les espoirs malsains apparaît donc comme indispensable au bien-être de l’humanité, car l’homme nombre de ses espoirs sont tributaires d’un désavantage pour autrui.

L’espoir est indissociable du développement humain, que son domaine d’existence est infini dans l’absolu. Cependant dans la mesure où il est moteur de l’action, il doit être modéré par la logique, la raison et la morale ; enfin la notion d’espoir donne à réfléchir sur la liberté qu’il laisse à l’homme : vivre d’espoir, n’est-ce pas rester enchaîné à ses passions ?

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