Sagot :
Réponse:
voilà une histoire fantastique que mon élève a réaliser si cela peut t'aider.
AUTOMNE
Je sens mon cœur se contracter sous l’effet du stress. Mon tour est venu. Je dois faire un effort, je dois me souvenir ! Moi qui croyais pourtant, il y a à peine quelques jours, être en plein contrôle de mes moyens, de ma vie, de ma carrière… Ça y est ! Ça me revient, lentement…
***
Je réalisais le rêve de ma vie. Un court voyage au Mexique payé par la compagnie pharmaceutique pour laquelle je travaillais dans le but d’aller étudier des spécimens de Salvia Divinorum, non pas en serre, mais dans leur véritable état naturel. En tant que botaniste, j’avais toujours été fasciné par cette plante que les prêtres aztèques fumaient afin d’entrer en contact divinatoire avec les dieux et accéder à leur connaissances. Ce voyage me permettrait peut-être enfin de prouver une théorie que j’étais le premier à avancer à propos du mode de reproduction et de la fertilité de cette plante. C’était une occasion unique de me démarquer au sein de la communauté scientifique.
N’ayant qu’une journée sur le terrain pour accomplir toute ma besogne, j’étais entièrement absorbé par mon travail afin d’être le plus productif possible, tout en me délectant intellectuellement de chaque manipulation. Dans le moment le plus intense de cette extatique communion avec la nature, je sentis un courant passer en moi, que j’attribuai à une sorte d’orgasme scientifique. Reprenant mes esprits après ce bouleversement spirituel, je jetai un coup d’œil à ma montre pour voir le temps qu’il me restait : impossible ! J’étais presque une heure en retard pour prendre le jet privé qui devait me ramener à Montréal.
Évidemment, jamais je n’aurais pu deviner la véritable signification cet événement en apparence très anodin…
J’arrivai donc avec une bonne heure et demie de retard au point de rencontre. Me reconnaissant, le pilote grogna : « Vous voilà enfin, docteur Korsakoff ! C’est toujours la même chose avec vous, les scientifiques ! » Mal à l’aise, je me glissai à ses côtés dans l’étroit compartiment de l’avion. Ayant une peur bleue des voyages aériens, j’avalai je ne sais plus trop combien de comprimés de somnifères pour m’assurer d’être inconscient pour la durée du vol. Je m’assoupis avant même que l’avion eut pris son envol.
Je fis un rêve étrange où une silhouette s’approchait de moi à travers un épais nuage de fumée. L’inconnu se mit à inspirer avec une telle force que toute la brume se dirigea vers sa bouche en formant de grandes spirales et je m’y sentis moi-même aspiré. J’eus soudainement très peur et c’est lorsque je sentis ses lèvres se poser sur mon front que je me réveillai en sursaut, couvert de sueur. Je mis un moment à réaliser que je me trouvais dans ma chambre. Comment était-ce possible ? Je n’avais aucun souvenir du retour à Montréal. Je crus naïvement que j’avais ingéré trop de somnifères et que le pilote s’était chargé de me ramener chez moi.
La fin de semaine passa agréablement et mes petits soucis furent rapidement balayés de mon esprit. Comme tout plein d’autres choses d’ailleurs, comme j’allais bientôt le découvrir.
Je rentrai au travail lundi matin plein d’enthousiasme; j’avais hâte de pouvoir enfin faire l’analyse des données recueillies durant mon voyage. Assis à mon bureau, les échantillons autour de moi, je constatai avec inquiétude que je ne savais pas du tout comment faire le travail qui était devant moi ! Toutes ces actions, que j’étais pourtant tellement habitué d’accomplir tous les jours, ne me semblaient plus du tout naturelles. Furieux contre moi-même d’être victime d’une telle faiblesse, je parcourus mes livres de botanique à la recherche de l’information nécessaire. J’avais l’impression d’avoir fait un bond en arrière dans mes connaissances. Effrayé par cette soudaine ignorance, je ramassai mes affaires et courus avertir mon chef de département que je prenais une journée de congé, sans trop donner de détails sur mon malaise. « Pas de problème, M. Korsakoff », me répondit-il. « Cependant, j’espère que cela n’affectera pas votre performance de demain soir. Vous n’avez pas oublié le congrès de biologie, j’espère ? Nous comptons sur vous pour faire un brillant exposé de votre fameuse découverte sur la salvia. » À cet instant, je me sentais vraiment troublé et je n’avais qu’une idée en tête : relaxer. Peut-être à cause que je passais mon temps à penser à la salvia, je me surpris à avoir envie d’essayer quelque chose de nouveau… sentiment que je tentai immédiatement de faire taire en moi : je n’avais rien d’un drogué ! J’étais même convaincu d’être un exemple parfait de maîtrise de soi.