Sagot :
Réponse :
Montrer que la jeunesse est...
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, on peut constater que toutes les organisations
politiques d’Allemagne que ce soit, le parti communiste, le Zentrum2,
le NSDAP ou encore le SPD3
possèdent en leur sein un organe dédié à la jeunesse. Mais qu’entendons-nous par « jeunesse » ?
Cette notion compliquée pose des problèmes d’interprétation et de définition. Est-ce « une période de
la vie entre l’enfance et l’âge mûr chez l’Homme » comme on peut le lire dans les différents
dictionnaires ? Mais alors qu’est-ce que l’enfance et à partir de quand devient-on un « Homme »
d’âge mûr ? Nous allons plutôt suivre Pierre Bourdieu pour qui « la jeunesse n’est qu’un mot »
4
.
Refuser de définir stricto sensu le mot « jeunesse » n’est pas un illogisme, mais au contraire c’est se
sortir d’un cadre qui en réduirait toute la portée. Car ce terme de « jeune » ou de « jeunesse » est
une construction sociale qui varie selon les périodes historiques, les courants intellectuels ou encore
les politiques menées par les Etats. La « jeunesse » est donc un « âge social » construit par les
représentations sociales. Il n’y a donc pas une définition de la jeunesse, mais des définitions qui
varient selon l’objet d’étude.
Dans le cas du nazisme, une définition stricte de la jeunesse aurait pour fâcheuse
conséquence de laisser de côté tout un pan de la société et d’en limiter la portée politique. Il n’y a
d’ailleurs pas de définition de la jeunesse dans Mein Kampf. La tranche d’âge - de 10 à 18 ans -
concerne plus des critères organisationnels des organes de la
hitlerjugend plutôt qu’une définition de la jeunesse. Si on considère
malgré tout que la jeunesse se termine à 18 ans car le jeune
n’appartient plus à la jeunesse hitlérienne, cette définition n’est plus
valable le 2 décembre 1944 lorsque Goebbels décrète la mobilisation
de tous les hommes de 16 à 60 ans. Comment définir le terme de
jeunesse sous le nazisme ? Selon la conception idéologique nazie, la
jeunesse est indissociable de la politique car elle lui appartient5– c’est
même un enjeu fondamental. On entend par le terme « politique »,
l’idéologie nazie et les moyens mis en œuvre pour la mettre en place
à l’échelle de l’Etat et l’effort pour l’inculquer à la masse. C’est la
politique qui définit le terme de jeunesse : cette période commence
2 Le parti catholique d’Allemagne.
3 Le parti social-démocrate.
4 BOURDIEU Pierre, Questions de sociologie, Paris, édition de Minuit, 1980, p.143-144.
5 Adolf Hitler « l’Homme n’est pas libre », Mein Kampf.
Millet Alexandre | La politique nazie de la jeunesse au regard des diplomates français en Allemagne (1924-
1939) 2
dès la conception parce que la pureté raciale imposée par l’idéologie nazie implique un eugénisme
strict. L’enfant est un produit du politique et est donc un enjeu bien avant sa naissance. Cette période
s’achève avec l’entrée du jeune dans une organisation nazie pour adulte comme par exemple la SS6
.
La jeunesse est - lorsqu’on étudie la période nazie - une période politique dans la vie d’un Homme.
Une période dans laquelle lui sont inculquées des valeurs basées sur le primat du corps, le racisme
envers les races faibles, le respect hiérarchique et un nationalisme exacerbé. Parce que ces « soldats
d’une idée »
7 sont l’avenir du parti et plus encore ils doivent devenir une nouvelle société pérenne
« le Reich de Mille ans »