Sagot :

Lorsque la France est entrée en république, au cours de l'été 1792, elle n'a pas solennellement proclamé la fondation d'un nouveau régime. L'historien peut chercher : il ne dénichera nulle part dans les archives un décret officiel. Tout juste trouvera-t-il, le 21 septembre 1792, une proposition de Camus, responsable des Archives nationales, de dater désormais les documents administratifs de l' « an I de la République française » . En revanche, entre le 10 août et le 21 septembre 1792, les députés de l'Assemblée nationale n'ont cessé de proclamer à la face du monde la « suspension » puis l' « abolition » de la royauté en France. Ils savaient ce qu'ils voulaient détruire, pas encore ce qu'il fallait construire. Ce désir de clore le régime monarchique trouve son aboutissement logique dans l'exécution de Louis XVI, le lundi 21 janvier 1793. Cette cérémonie fait office de rite fondateur pour la jeune république, et remplace en quelque sorte la proclamation officielle du régime. Mais c'est aussi un rite de sang qui doit frapper les esprits et qui, tout en faisant la fierté du républicain français, met la France au ban des nations européennes, monarchiques et traditionnelles.