Sagot :
Réponse :
"Rien de trop" est une fable placée dans le livre IX des fables de La fontaine à la onzième place. Alors que le fabuliste nous a habitués à mettre en récit des animaux qui nous ressemblent, ici nous trouvons des comportements humains et des comparaisons prises dans la nature. Le titre lui-me^me peut paraître énigmatique. faut-il comprendre : il n'y a rien de trop donc c'est suffisant ou bien est-ce une invitation à la modération . Voyons d'abord l'originalité de la fable pour aborder dans un second temps sa morale explicite.
I. Une fable qui se distingue
- pas d'animaux, pas de récit plaisant
- l'implication du fabuliste dès le premier vers avec JE
- des exemples puisés dans la nature et la culture (l'exemple du blé est inspiré de Virgile)
II. La morale dès le titre
- principe déjà chez les sages de la Grèce et de Rome mais aussi chez Molière : Tartuffe :
"Les hommes la plupart sont étrangement fait
Dans la juste mesure, on ne les voit jamais.
- la recommandation de la juste mesure
- un conseil universel "aux petits comme aux grands".
Ouverture de conclusion :
Chamfort (moraliste du XVIII°) :
"Je ne sais comment la Fontaine a pu faire une aussi mauvaise petite pièce sur un sujet de morale aussi heureux : Tout y porte à faux"
Explications :
RIEN DE TROP
Je ne vois point de créature
Se comporter modérément.
Il est certain tempérament
Que le maître de la nature
Veut que l'on garde en tout. Le fait-on ? Nullement.
Soit en bien, soit en mal, cela n'arrive guère.
Le blé, riche présent de la blonde Cérès
Trop touffu bien souvent épuise les guérets ;
En superfluités s'épandant d'ordinaire,
Et poussant trop abondamment,
Il ôte à son fruit l'aliment .
L'arbre n'en fait pas moins ; tant le luxe sait plaire!
Pour corriger le blé, Dieu permit aux moutons
De retrancher l'excès des prodigues moissons.
Tout au travers ils se jetèrent,
Gâtèrent tout, et tout broutèrent,
Tant que le Ciel permit aux loups
D'en croquer quelques-uns : ils les croquèrent tous ;
S'ils ne le firent pas, du moins ils y tâchèrent.
Puis le Ciel permit aux humains
De punir ces derniers : les humains abusèrent
À leur tour des ordres divins.
De tous les animaux (5)l'homme a le plus de pente
À se porter dedans l'excès.
Il faudrait faire le procès
Aux petits comme aux grands. Il n'est âme vivante
Qui ne pèche en ceci. Rien de trop est un point