Sagot :
Bonjour
Que dirait Socrate ? Un discours est toujours réinterprété par son lecteur. S’il en en perçoit le dire à travers ses traces dans le dit comme on perçoit l’altérité de l’autre par des traces perceptibles à la présence de son visage, il ne peut s’empêcher de le trahir en le déposant dans un dit. Il y a donc de l’indicible au cœur même du dire au dit. Ce qu’on ne peut pas dire de ce mystère créateur de la conscience, de la beauté...
Faut-il alors se taire ? La vérité du monde appartient dès lors au monde social humain qui peut dire à loisir tout ce qu’il veut dire. Que faut-il interdire pour que l’échange, la communication soient sans obstacle ? L’interdit ne restreint-il pas au final les possibilités de la tolérance ? A vrai dire une démocratie se porte bien quand tout peut s’y dire. Est-ce qu’au final le discours le plus convaincant ne serait pas le discours scientifique ? Toutefois les machines à traduire perdent toujours le sens de la poésie. Est-ce que le langage scientifique ne passe pas à côté de la singularité et la beauté des choses ? Comme le dit Miguel de Unamuno : "Dire que Dieu existe, sans dire ce qu'est Dieu et comment il est, équivaut à ne rien dire". Autrement dit, science et opinion se combinent pour pouvoir dire que l'on croit savoir.
Aussi, il y a dire et dire. Il y a "parler pour ne rien dire, parler pour faire peur au silence. Parler pour tout dire. Mais on demande toujours trop aux mots. Plus qu'ils ne peuvent dire" (Pierre Filion).
Mais, à vrai dire, peut-on ou doit-on tout dire pour tout faire entendre ? Il n’y a pas à dire, cela peut se discuter. Que dis-je ? Cela doit se discuter, alors disons le. Car, ce qu’on ne peut pas dire car indicible nous libère du dit et suscite le dire. Aussi, faut il dire ou interdire de dire ? Faut-il contrôler nos dires, ou contrôler ceux à qui on les dit et à qui peut l'entendre ? Ainsi, peut-être doit-on juste faire attention de dire les bonnes choses aux bonnes personnes ?