👤

« Il est manifeste que la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un
animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien-sûr et non par le hasard des
circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain, et il est comme celui qui est décrié en
ces termes par Homère : « sans famille, sans loi, sans maison >> Car un tel homme est du même coup
passionné de discorde', étant comme un pion isolé dans un jeu. C'est pourquoi il est évident que
l'homme est un animal politique plus que n'importe quelle abeille et que n'importe quel animal
grégaire. Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain; or seul parmi les animaux
l'homme a un langage. Certes iu voi est le signe du douloureux et de l'agréable, aussi la rencontre-t-
on chez les animaux ; leur nature en effet est parvenue jusqu'au point d'éprouver la sensation du
douloureux et de l'agréable et de se les signifier mutuellement. Mais le langage existe en vue de
manifester l'avantageux et le nuisible, et par la suite aussi le juste et l'injuste. Il n'y a en effet qu'une
chose qui soit propre aux hommes par-rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la
perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre. Or, avoir de telles
notions en commun c'est ce qui fait une famille et une cité. >>
Aristote, Politique, 1, 2, 1253a

© 2024 IDNLearn. All rights reserved.