Tante Léna était constamment pétrifiée par ce que je reconnais maintenant
être de la terreur. Elle interdisait à ses enfants de nager dans le lac de crainte
qu'ils ne se noient, elle ne leur permettait pas de faire de la luge en hiver de
peur qu'ils n'en tombent et ne se cassent le cou, elle ne les laissait pas apprendre
à patiner parce qu'ils risquaient de se fracturer la jambe et d'être infirmes à
vie. Elle les battait sans cesse, angoissée à l'idée qu'ils puissent, une fois adultes,
se révéler paresseux, ou menteurs, ou maladroits et brise-fer. Ils n'étaient pas
paresseux, mais ils cassaient beaucoup : ils se précipitaient tout le temps pour
s'emparer brusquement des choses, et naturellement, ils étaient tous men-
teurs, même les tout-petits, des menteurs brillants, instinctifs, qui mentaient
même hors de toute nécessité, simplement pour s'entraîner et, peut-être, pour
le plaisir.
aide moi stp !