Sagot :
Bonjour
Y-a-t-il aujourd'hui une réelle opposition entre science et foi ?
Des philosophes du soupçon tels que Freud, Nietzsche et Marx ont opposé science et foi en présentant la croyance religieuse et la foi comme des illusions aliénantes et nocives pour le développement de la pleine rationalité. La séparation progressive et durable entre raison et foi religieuse corrobore l’idée de rapports conflictuels à l’intérieur du croire. Jean Paul II parle du "drame de la séparation entre la foi et la raison". Cette séparation s’apparente à un drame dans la mesure où c’est la même personne qui pense et croit. Les croyants sont des êtres raisonnables et ce sont des êtres rationnels qui peuvent croire. La complémentarité entre raison et croyance religieuse gagnerait à être, non pas un lieu de conflit mais un terrain de rapports harmonieux où le maître mot doit être la tolérance. Pendant que la foi se confronte aux limites de l’incommunicable, la science se mesure à ses propres limites.
En somme, la raison, donc la science, s’oppose à la foi comme l’objectif et le subjectif, le doute et la certitude, le rationnel et l’irrationnel dans leur méthode propre. Je partage le point de vue de P. Valadier qui soutient que science et foi ont une origine commune. Il cite un colloque organisé par le philosophe Jacques Derrida sur la "religion" dans lequel Derrida parlait d’une source commune de la raison et de la foi : "Je veux souligner qu’un sort commun les lie : le refus, de la part de la raison, de se mesurer à l’univers religieux risque bien d’aboutir à un affaissement de ses prétentions… inversement une religion ou une foi qui n’est plus stimulée, remise en cause, interrogée par la raison s’abîme à son tour dans le fondamentalisme, le repli sectaire, elle glisse vers l’irrationnel, le subjectivisme ou l’intériorité acosmique et apolitique". Seule une cohérente complémentarité et la tolérance entre science et foi sauveront leur valeur respective.