Bonjour est ce que quelqu'un pourrait m'aider et répondre au questions sur ce texte niveau 4ème
merci bcp d'avance et j'espère que vous passez un bon confinement


TEXTE 3 : LE PLUS DELICIEUX DES MONSTRES…

« Ferragus » est une histoire d’amour tragique mais aussi un véritable roman policier au cours duquel deux mondes s’opposent : celui de la bourgeoisie et celui du peuple parisien. Le héros en est Ferragus, ancien entrepreneur du bâtiment, de son vrai nom Gratien Bourignard, forçat évadé, ancien Compagnon, chef de son Ordre mystérieux. Le roman s’ouvre sur une description de Paris.

Paris est le plus délicieux des monstres : là, jolie femme; plus loin, vieux et pauvre; ici, tout neuf comme la monnaie d’un nouveau règne; dans ce coin, élégant comme une femme à la mode. Monstre complet d’ailleurs! Ses greniers, espèce de tête pleine de science et de génie, ses premiers étages, estomacs heureux; ses boutiques, véritables pieds; de là partent tous les trotteurs, tous les affairés. Eh ! quelle vie toujours active a le monstre? À peine le dernier frétillement des dernières voitures de bal cesse-t-il au cœur que déjà ses bras se remuent aux Barrières, et il se secoue lentement. Toutes les portes bâillent, tournent sur leurs gonds, comme les membranes d’un grand homard, invisiblement manœuvrées par trente mille hommes ou femmes, dont chacune ou chacun vit dans six pieds carrés, y possède une cuisine, un atelier, un lit, des enfants, un jardin, n’y voit pas clair, et doit tout voir. Insensiblement les articulations craquent, le mouvement se communique, la rue parle. À midi, tout est vivant, les cheminées fument, le monstre mange; puis il rugit, puis ses mille pattes s’agitent. Beau spectacle! Mais, ô Paris! qui n’a pas admiré tes sombres paysages, tes échappées de lumière, tes culs-de-sac profonds et silencieux; qui n’a pas entendu tes murmures, entre minuit et deux heures du matin, ne connaît encore rien de ta vraie poésie, ni de tes bizarres et larges contrastes. Il est un petit nombre d’amateurs, de gens qui ne marchent jamais en écervelés, qui dégustent leur Paris, qui en possèdent si bien la physionomie qu’ils y voient une verrue, un bouton, une rougeur. Pour les autres, Paris est toujours cette monstrueuse merveille, étonnant assemblage de mouvements, de machines et de pensées, la ville aux cent mille romans, la tête du monde. Mais, pour ceux-là, Paris est triste ou gai, laid ou beau, vivant ou mort; pour eux, Paris est une créature; chaque homme, chaque fraction de maison est un lobe du tissu cellulaire de cette grande courtisane de laquelle ils connaissent parfaitement la tête, le coeur et les moeurs fantasques. Aussi ceux-là sont-ils les amants de Paris.

H. DE BALZAC, Ferragus, 1833

QUESTIONS ( à traiter soigneusement dans votre classeur !)

1) A quoi la ville est-elle assimilée dans ce texte ? Sur quel procédé stylistique est donc fondée toute la description de Paris ? Répondez en argumentant et en vous appuyant sur le texte.

2) « le plus délicieux des monstres » : a) quel nouveau procédé stylistique apparaît dans cette expression ? b) Relevez plus loin dans le texte une figure de style semblable et exprimant la même idée.

c) Pourquoi Balzac associe-t-il ainsi deux mots pour évoquer Paris ? Quelle image veut-il en effet en donner ?

3) Quelles informations sur les habitations du Paris du XIXè siècle le texte transmet-il ?

4) Quel regard Balzac porte-t-il sur ce Paris de son époque ? A quoi le voit-on dans le texte ?


Sagot :

ELO15

Bonjour :)

1) La ville est assimilée à un monstre. La description de Paris est fondée pendant toute la description de Paris par une personnification de celle-ci :

"Paris est toujours cette monstrueuse créature", "le monstre mange" , "Paris est le plus délicieux des monstres".

2) a) Il s'agit d'une oxymore entre "monstre" et "délicieux". Un monstre est censé dégoûté réellement.

b) " Paris est toujours cette monstrueuse merveille". Ici "monstrueuse" s'oppose à "merveille" mais il y a toujours ce rapprochement.

c) Balzac est fasciné mais il est craintif par rapport à Paris. Il veut produire une image assez mitigée de Paris.

3)  Le paysage urbain et les  humains s’échangent au point que chaque immeuble est un corps (les greniers sont la " tête ", les premiers étages les " estomacs heureux " et les boutiques " les pieds ").

4) Il porte un regard mitigé. Il est admiré par cette ville car c'est une capitale. Mais il est craintif et sait que cette ville peut-être dangereuse. Il utilise des mots variés: parfois mélioratifs et parfois tout le contraire. "moeurs fantastiques", "rugit", "monstre", "jolie"...