Sagot :
Bonjour,
"Douter est-ce renoncer à la vérité" ?
En y réfléchissant, on peut arriver à ce paradoxe que le doute, c’est la vérité, en ce sens que le vrai doute est ce qui s’en approche le plus. Pour Hume, la vérité a besoin de l’humilité, c’est en ne la fixant pas à travers un jugement qu’on y parvient. Le doute humain est une approche par asymptote de la vérité. Donc, plus on s’implique dans le doute, lorsque le doute cesse d’être une méthode pour devenir une seconde nature, plus on s’approche de la vérité. En effet, dès lors, on quitte le dogmatisme, on est ouvert à la vérité. Ce n’est sans doute pas un hasard, d’ailleurs, si le verbe " douter", dans son emploi pronominal qui met en doute le sujet, devient synonyme de savoir.
Mais on peut aller encore plus loin. Le propre du doute étant de ne pas limiter l’objet auquel il s’intéresse, il permet d’appréhender la vérité absolument ; il n’y aurait donc que par lui que l’on aurait accès à la vérité, avec un grand V, autrement dit, à Dieu. C’est ce que nous dit Philon, le porte parole du scepticisme dans les "Dialogues sur la religion naturelle" de Hume, qui après avoir établi le caractère imparfait de tous les systèmes religieux qui, d’une façon ou d’une autre, mutilent la vérité, en arrive à cette conclusion qu’ "être un sceptique philosophique, c’est, chez un homme lettré, le premier pas, et le plus essentiel, menant à être un vrai chrétien, et un croyant".
Il ressort de cette petite réflexion que la question "douter, est-ce renoncer à la vérité" admet une réponse négative quelque soit le sens du verbe être considéré. Autrement dit, il n’y aurait pas de lien entre renoncement à la vérité et doute. En revanche, on a l’impression, au terme de cette réflexion, qu’il en existe un, certain, entre vérité et doute, le doute fonctionnant comme un rempart contre le dogmatisme. Ce travail ayant pour objet le doute, on en restera là. Douter, n’est-ce pas justement, s’abstenir de conclure ?