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Sagot :

Réponse :

Synthétisant avec intelligence l’embrouillamini de la matière de Bretagne, Chrétien de Troyes crée avec Yvain la véritable matrice romanesque, un champ d’expérimentations aussi rythmées que monstrueuses et informes, parsemées au gré des quêtes inachevées de symboles dont la force évocatrice interroge le destin et la condition humaine.

En narrant la promesse oubliée d’un prompt retour auprès de la dame Laudine, c’est à un refus tacite d’une ennuyeuse vie quotidienne et quasi bourgeoise que se livre l’auteur, préférant écrire avec force tournois et exploits la légende de son chevalier de la Table Ronde : « car c’est un exploit inutile que celui qu’on ne fait pas connaître ». C’est à cette aune que l’amour entre dans le roman, générateur de désillusions, de contretemps, d’aventures en somme : folie à poil dans les bois, chevaliers désarçonnés, nétuns pourfendus avec l’aide d’un lion divin, combat fratricide avec le comparse Gauvain, découlent bien de cette entorse initiale au code courtois.

Les gai-lurons des Monty Python et de la série Kaamelott, dont la grille de lecture parodique se superpose aujourd’hui nécessairement à tout récit de chevalerie, ont par ailleurs saisi un élément essentiel de ces proto-romans : une force comique plus ou moins volontaire (il faut relire Perceval !), un humour intrinsèquement en décalage avec la norme, une vérité en somme annexe, imaginaire, constitutive de la force corrosive de tout chef-d’œuvre.

Explications :

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