bonjour aidé moi s'il vous plait merci d'avance
TEXTE N°2 : « Une obscurité sans limites », tiré de La Belle Romaine, d’Alberto Moravia, Charlot, 1949.
Pendant ces heures de solitude, un moment venait toujours où j'étais prise d'un moment d'égarement : il me semblait tout à coup voir avec une clairvoyance glaciale toute ma vie et moi-même, de tous les côtés et tout à la fois. Le choses que je faisais se dédoublaient, dépouillaient leur signification comme une pulpe, se ramenaient à de simples apparences absurdes et incompréhensibles. Je me disais : « J'amène souvent ici un homme qui m'a attendue dans la nuit sans me connaître... Nous luttons enlacées sur ce lit comme deux ennemis... puis il me donne une feuille de papier imprimée et coloriée... Le lendemain, j'échange ce papier contre des aliments, des vêtements et d'autres choses semblables ». Mais, ces énoncés n'étaient qu'un premier pas dans la voie d'un égarement plus profond. Ils servaient à me débarrasser l'esprit du jugement qui ne cessait d'y couver relativement à mon métier; ils me montraient ce métier même comme un ensemble de gestes privés de sens, tout à fait équivalents à d'autres gestes de métiers différents. Aussitôt après, un bruit lointain arrivant de la ville ou le craquement d'un meuble de ma chambre me donnaient de ma présence un sentiment absurde et quasi délirant. Je me disais : « Je suis ici et je pourrais être autre part... Je pourrais être il y a mille ans ou dans deux mille ans... Je pourrais être une négresse ou une vieille femme, ou bien blonde, ou bien petite... ». Je pensais que j'étais sortie d'une obscurité sans limites, que je rentrerais bientôt dans une obscurité également illimitée, et que mon bref passage ne serait marqué que par des gestes absurdes et fortuits .

a) Quel est le métier de la narratrice ?
b) Quel est son rapport avec l’argent ?