Sagot :
Bonjour
Mais où sont les idées neuves ? Même Alain Minc, laudateur mal inspiré de la "mondialisation heureuse ", avoue ne plus rien comprendre aux mécanismes économiques. Face au "désert intellectuel" qu’il constate à son tour (Le Figaro, 23 août), ce père Joseph des puissants espère un "aggiornamento de la pensée macroéconomique". Toutefois, il pourrait préalablement s’interroger sur la sotte arrogance de ceux qui disent savoir. Après le vote britannique approuvant le Brexit, en 2016, Minc avait commenté : "Ce référendum n’est pas la victoire d’un peuple sur les élites, mais celle des gens peu formés sur des gens éduqués." Bref, le sacre des crétins. Cet aplomb de la caste est au cœur de la crise de l’intelligence. La faiblesse des élites tient à leur incapacité d’accepter les faits quand ils dérogent à leurs dogmes. Elles préfèrent contourner les réalités obscènes. Cela est vrai en économie, et il faut reconnaître à Minc la sincérité de son désarroi. Cela l’est plus encore quand il s’agit de comprendre la vie ordinaire.
Depuis des décennies, les milieux intellectuels et universitaires tournent en rond. Ils se copient, s’applaudissent, se cooptent. Ils excluent les esprits originaux. Contre ces déviants, la meute est intarissable pour les faire taire ou les ridiculiser. Pas étonnant, après de tels désherbants, de ne trouver qu’un sol aride. Minc propose des pistes pour exploiter la matière grise : lancer des livres blancs, réunir des commissions, susciter des rapports, stimuler des débats. Bien, bien. Mais les armoires des ministères sont emplies de ces travaux. Ces esprits cadenassés doivent d’abord se libérer de leurs fausses croyances. Or cette émancipation est loin d’être gagnée, à en juger par la manière dont les Sachants ont été incapables de se saisir de la révolte des Oubliés. Pour comprendre la France en mutation, il faut côtoyer les gens. Le matérialisme économique, déboussolé, doit intégrer cette humanité qui lui échappe.
L’avenir d’une nation ne peut se réduire à des chiffres, des courbes, et des taux de CO2, comme s’en persuadent les tenants du tout économique et de l’homme planétaire
merci au revoir