Sagot :
Bonjour,
A travers la situation de conte philosophique, l’auteur montre aux lecteurs un défaut de la société, ou une morale, sans pour autant avoir recours à un fait réel. L’auteur peut perfectionner l’histoire pour mieux illustrer et argumenter. Ce genre littéraire possède un autre avantage : celui d’exagérer, de vulgariser afin d’atteindre un public plus large.
En utilisant ce moyen, l’auteur rend accessible son œuvre à plus de lecteurs du fait que le conte semble s’adresser à celui-ci. De plus la morale est plus facilement perceptible quant elle est directement affirmée d’une personne à une autre plutôt qu’implicitement à travers un roman. Les anecdotes extrêmes, hyperboliques sont facilement aptes à convaincre.
Les auteurs de contes philosophiques utilisent volontairement les coïncidences et les exagérations pour arriver à l’effet plus frappant de la leçon. Les exagérations et les coïncidences volontaires permettent de perfectionner l’œuvre et sa morale, rendue ainsi convaincante. Le concret et l’extrême sont des caractéristiques de la fiction et de bons moyen pour convaincre un lecteur.
De plus, cette dernière crée une distance, elle permet de prendre du recul en choisissant, par exemple, un étranger pour personnage principal. C’est le cas dans l’Ingénu, dans lequel le personnage éponyme arrive en basse Bretagne et porte un regard totalement neutre, étranger, voir naïf sur la société et la religion en France. C’est alors un bon moyen de mettre indirectement en avant les défauts d’une société et même de proposer une alternative, une nouvelle idée, un changement en créant un autre modèle possible. C’est ce que fait Voltaire à travers son conte philosophique, Candide, dans lequel il expose une société fictive, bien loin de la sienne ; une société ignorant la cupidité et dont la générosité n’égale celle d’aucun autre monde. Ces Hommes habitent pourtant dans le pays doté des plus grands nombres de pierres précieuses et d’or : l’Eldorado. Candide et Cacambo y arrivent par hasard et sont alors traités comme des rois.
Par ailleurs, l’intemporalité et l’universalité ne sont présentes que dans les œuvres de fiction. Les écrivains les utilisent pour rendre la morale de leurs œuvres véridique dans tous les lieux et à toutes les époques. Comme dans la pièce de Marivaux, L’île des esclaves, dont le rapport entre le dominant et le dominé est le thème principal de l’œuvre et existe partout et à toutes les époques de l’Antiquité jusqu’au XXème siècle. La distance de la réalité et l’intemporalité de la fiction lui donnent en effet une capacité d’argumentation certaine.
C’est également le cas de des sentiments dont elle fait appel. Le comique est d’une part un bon moyen pour persuader du fait que le lecteur peut être plus réceptif au message que veut faire passer l’auteur. Dans la fable de La Fontaine Le Lion le Loup et le Renard, l’humour tient une place importante de part le tableau burlesque des intrigues et la cour. Le loup est un courtisant médisant qui daube son camarade le Renard, qui, malin et fin stratège tient une parole habile auprès du roi qui engendre la mort du Loup.
Le pathétique est, d’autre part, un registre qui touche du lecteur et atteint ses sentiments. Voltaire, en reprenant la forme traditionnelle du conte, la modifie pour en faire un conte philosophique amusant et sérieux à la fois. Il mêle l’humour et le pathétisme pour faire réagir le lecteur, la dénonciation est alors efficace. Dans le dernier chapitre de l’Ingénu, Mademoiselle de Saint Yves meurt de remord, de chagrin, de regret d’avoir trompé son bien aimé, qui, quant à lui, vivra rempli de tristesse jusqu’à la fin de sa vie. C’est le cas par exemple dans Candide, lorsque ce dernier rencontre un esclave "nègre" maltraité, humilié qui affirme que le traitement qu’on lui fait subir est "l’usage". Cette ironie s’oppose au pathétique exprimé par la désillusion de l’esclave et l’espoir de sa famille au vu de sa situation. La fiction fait donc appel aux sentiments du lecteur afin de le persuader.
Un compromis entre les œuvres de fictions et les questions philosophiques doit être possible pour convaincre sans dépasser le lecteur par des histoires totalement exagérées et surréalistes. L’essai pourrait en effet être une bonne alternative à cela. Voltaire utilise entre autres ce genre littéraire, ses Lettres philosophiques de 1734 en sont un exemple évident. Elles traitent de sujets différents dont l’auteur suggère un point de vue.