Sagot :
Je me saisis donc de mon épée et le regardai droit
dans les yeux, pour le mettre au défi.
Lui recula un peu et reprit de plus belle :
- « Vous voyez, c’est de la mauvaise graine, c’est
un espion dont il faut se débarrasser.»
Les autres, trop heureux de cette distraction
inattendue, le repoussèrent vers moi en l’engageant à se battre.
Je l’avais déjà appris à mes dépends : celui
qui attaque prend l’avantage. Je tenais l’arme fermement et tentai un coup d’épée
de l’endroit où je me trouvais.
Il n’était pas prêt mais il esquiva sans difficulté. J’enchaînai
immédiatement avec un second coup qui cette fois, rencontra l’acier de la lame
ennemie.
J’avançais, attentif à chacun de ses mouvements. Je
quittai ainsi la barque où je me cachais pour rejoindre le pont du navire.
Une arène d’hommes encourageait Pain Noir qui vint à
ma rencontre épée par-devant. A mon tour, je l’évitai mais de justesse. Je me
dis que ça devenait sérieux. Je ripostai d’un coup bien senti et le fis reculer
vers la proue. J’en profitai pour tenter de le toucher mais je ne fendis que l’air.
Quand soudain, je sentis la brûlure d’une corde
lancée autour de mes pieds. Pain Noir me regardais, ahuri, tandis que les
autres s’esclaffaient en tirant sur la corde. Je tombai lourdement sur le côté
enragé que j’étais de ce combat déloyal.
- « Alors maintenant, petit cabillaud, tu veux
toujours te battre ? »
Je tempêtais mais rien n’y fit : je ne pouvais
pas me relever.
Ils avaient tous un air goguenard qui ajoutait à mon
humiliation.
Un marin grand et fort, que je n’avais jamais vu, intervint :
-« Il a fait preuve de bravoure. Amenez-le-moi. »
C’est ainsi que je débutai ma vie sur le Hollandais
Volant.