Sagot :
Je viens de rentrer à la maison : la nuit est déjà bien avancée et je tente maladroitement de ne pas faire trop de bruit. J'avais promis à mes parents d'être de retour pour une heure et voilà que j'ai déjà plus de deux heures de retard! Je tente d'ôter discrètement mes chaussures dans le vestibule, lorsque je crois apercevoir une ombre qui se déplace sous la porte du salon. Difficile de dire comme je ne vois que la lumière provenant de la rue. Mais l'impression que je viens d'avoir me met mal à l'aise. Je préfère en avoir le cœur net et j'ouvre la porte du salon, uniquement illuminé par les lumières de la ville. Je me rend de suite compte que quelque chose ne va pas et mon regard est attiré par une peinture. Le cadre penche vers la gauche et connaissant ma mère, je sais que jamais elle ne l'aurait laissé dans cette position.
Je me rapproche, intrigué et soudain, le cadre s'anime. Il bascule de gauche à droite sans aucune raison et mon sang ne fait qu'un tour. Je pousse un cri strident et vois alors un drôle de bonhomme saisir les bords du cadre et en sortir péniblement. Il a la mine grise que je lui connais, avec des cheveux longs et gris et une petite verrue, je le remarque à présent, sur la joue droite. Je suis paralysé devant cette créature hors du temps , habillée à la mode d'une autre époque. Je n'ai pas la force de réagir et mes membres commencent à trembler.
C'est alors que le bonhomme s'adresse à moi d'une façon étrange:- " Ah, je savais bien que quelque chose de bizarre se passait ici". "Mais tu sens l'alcool, n'as tu pas honte, à ton âge?" "Et pourquoi rentres-tu si tard?"
C'en était trop pour moi. Je n'avais pas la berlue! Je n'étais pas fou! J'avais juste un peu exagéré ce soir. Là, je pousse le cri qui a enfin dénoué le nœud dans ma gorge.
A ce moment, j'entends mes parents dévaler l'escalier pour me porter secours. Le vieux bonhomme rentre fissa dans son cadre et mes parents arrivent. Ils sont horrifiés de voir mon état qu'ils mettent sur le compte de l'alcool et de l'heure tardive. Je me prends la leçon de morale et une privation de sorties d'un mois. Evidemment, je n'ose pas toucher mot de ce qui vient de m'arriver...
Le lendemain matin, je pose une question innocente : à qui appartient donc le portrait au-dessus de la cheminée? Mais parents se regardent comme si j'étais devenu fou et répondent en cœur: "Etonnant que tu t'y intéresses enfin! C'est le portrait de ton arrière-arrière grand père".
Ca ne me rassure pas.