Le monde virtuel a ses propres codes, synonymes de nouveau déploiement des relations
humaines : la répartition entre réalité et virtualité est particulièrement
visible si l'on pense l'organisation des nouvelles technologies de
l'information. Si dans les relations humaines « réelles »
il est impossible de soutenir la possibilité du don en tant qu'il
implique toujours un sentiment de réciprocité, comme l'a mis en lumière
Derrida, dans le monde virtuel se tiennent « à portée de clic » une
somme d'informations dont la connaissance ne dépend d'aucun autre
facteur que la curiosité de celui qui dirige la souris. Ainsi est-il
possible d'envisager un « progrès » dans les relations humaines si l'on
comprend ce terme dans le sens d'un élargissement des possibilités de
rencontre de la culture, des modes de vie, des pensées d'autrui.
Limites de l'apport des nouvelles technologies : vers une «
marchandisation » des relations humaines ? Pour autant, il serait naïf
de ne pas considérer les relations qu'entretiennent ces nouvelles formes
de rapport humain et le monde marchand. Car s'il est possible de
consulter gratuitement et d'échanger un grand nombre d'informations, les
nouvelles technologies s'avèrent comme tout support dominés par la
contraintes économiques. Ainsi la perspective du don que nous évoquions
ci-dessous n'est que partielle, et la rencontre entre deux individus
elle-même passe le plus souvent par une cotisation des membres d'un
site. Ainsi, les relations humaines sur Internet rencontrent-elles les
mêmes obstacles que dans la « vie réelle » que ce soit en termes de
différences sociales ou économiques. Il serait illusoire de voir en les
nouvelles technologies un espace vierge de tout intérêt extérieur et en
particulier monétaire. Ainsi au « parce que c'était lui, parce que
c'était moi » formulé par Montaigne faudrait-il ajouter un troisième
terme qu'est celui du réseau à l'intérieur duquel la rencontre est
possible.