Sagot :
1)Fin 1894, le capitaine Dreyfus est
condamné pour avoir livré des documents secrets français à l’Empire allemand .
C’était une erreur judiciaire sur fond d’espionnage et d’antisémitisme, dans un
contexte social marqué par la montée du nationalisme vu la haine de l’Empire
allemand à la suite de son annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine et
de l’antisémitisme.
L'affaire ne devient réellement
un enjeu qu’à l'acquittement du véritable coupable et à la publication d'un
plaidoyer par Émile Zola, « J'accuse…! », provoquant une
succession de crises politiques et sociales en France. En 1899, l’affaire provoque
une séparation de la France de la Troisième République, entre le camp des
dreyfusards et celui des anti-dreyfusards qui suscite de très violentes polémiques
nationalistes et antisémites, diffusées par une presse influente. Elle ne s’achève
qu’en 1906, par un arrêt de la Cour de cassation qui réhabilite définitivement
Dreyfus en l’innocentant.
Cette affaire est le symbole du rôle majeur joué par la presse et l’opinion
publique.
Cette croissance de l'antisémitisme, très virulente depuis la
publication de La France juive d'Édouard Drumont en 1886 (150 000 exemplaires
la première année), va de pair avec une
montée du cléricalisme.
La haine des juifs est rendue
publique et est violente. Le lancement de La Libre Parole permet à Drumont d'élargir encore son audience
vers un lectorat plus populaire. L'antisémitisme diffusé par La Libre Parole,
mais aussi par L'Éclair, Le Petit Journal, La Patrie, L'Intransigeant, La
Croix, en puisant dans les racines antisémites des milieux catholiques, atteint
des sommets.
L'affaire Dreyfus répand la haine raciale dans
toutes les couches de la société. L'antisémitisme est donc dès lors officiel et
exposé dans de nombreux milieux, y compris ouvriers. Il est renforcé par la
crise de la séparation des églises et de l'État à partir de 1905, l’amenant
probablement à son paroxysme en France. Le passage à l'acte est permis par
l'avènement du régime de Vichy, qui laisse libre cours à l'expression débridée
et complète de la haine raciale. Autre conséquence sociale, le rôle renforcé de
la presse : pour la première fois, elle a exercé une importante influence sur
la vie politique française. On peut parler d'un quatrième pouvoir, dès lors
qu'elle se substitue à tous les organes de l'État ; les journaux sont
utilisés comme moyens d’expression.
L'affaire Dreyfus constitua une véritable
épreuve pour la Troisième République car cette simple affaire d'espionnage devint
une crise politique majeure à cause de son caractère antisémite. Cette affaire
opposait des idées politiques très différentes. Mais le plus grand chantier que
connut la Troisième République fut celui qui permit le triomphe de la laïcité en excluant l'Eglise catholique de
l'exercice de tout pouvoir politique ou administratif et l’instauration d’un nouveau clivage droite/gauche, préludes
à la naissance des droites et gauches modernes.
2) Les deux articles de presse
illustrent de façon éloquente la position des antidreyfusards et des
dreyfusards.
L’article de La Croix de juillet
1898 exprime sa position antisémite à l’extrême, sans livrer aucune analyse
logique. « Les Juifs ont tout accaparé, tout sali, tout détruit. » ;
il y parle entre autres de youtrerie universelle ou encore « A bas le
syndicat, à bas les Juifs et les vendus ». Ce genre de presse ne développe même plus d’argument
mais livre des leitmotivs à une population bien disposée à les entendre.
En revanche, la position de
Charles Péguy dans la « Revue Blanche » de septembre 1899 défend une
position argumentée en jetant le blâme sur les antidreyfusards en dénonçant l’injustice
qu’ils commettaient et qui menait de facto à une injustice religieuse. Il
dénonce aussi le fait que tout opposant aux antidreyfusards devenait un paria,
ce qui était par nature contraire à la liberté de pensée et au sens de la
probité. Il estime que ce sont les faibles antidreyfusards se laissant aller à
la facilité du courant de pensée dominant qui ont tort.
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