Sagot :
lle est là, comme toujours.
Debout dans sa cuisine, forme chétive perdue au milieu de ses ustensiles et de ses vieux meubles.
Elle ignore que je l’observe, elle pense que personne ne voit ses mains osseuses trembler en craquant l’allumette.
Odeur de soufre, fumée bleutée.
Lentement, elle se penche vers son poêle usé et allume le brûleur de gauche.
Elle ignore que la bouteille de gaz est presque vide et qu’il faudra bientôt la changer.
Sa grande table en chêne nettoyée, elle y verse un cône de farine immaculée. Ses doigts se blanchissent, elle apprécie le contact de cet élément doux comme de la soie.
Elle ignore le chat qui passe et repasse entre ses jambes fragiles et amaigries.
Des œufs et de l’eau coulent sur son plan de travail pour y former une pâte informe et malléable, ses mains y plongent goulûment et la pétrissent comme on masse une chair molle et fatiguée.
Elle ignore la fin de journée, le soleil de cet d’après-midi laissant place au plafond étoilé de la nuit.
Une à une, elle pèle ces pommes rouges, juteuses et brillantes à souhait. Ces gestes sont précis, répétés depuis des années, transmis de mère en fille. Une fois les morceaux alignés sur la pâte, elle prend son vieux plat en terre et l’enfourne d’un geste mal assuré.
Elle ignore que cette tarte aux pommes sera son dernier repas. L
Debout dans sa cuisine, forme chétive perdue au milieu de ses ustensiles et de ses vieux meubles.
Elle ignore que je l’observe, elle pense que personne ne voit ses mains osseuses trembler en craquant l’allumette.
Odeur de soufre, fumée bleutée.
Lentement, elle se penche vers son poêle usé et allume le brûleur de gauche.
Elle ignore que la bouteille de gaz est presque vide et qu’il faudra bientôt la changer.
Sa grande table en chêne nettoyée, elle y verse un cône de farine immaculée. Ses doigts se blanchissent, elle apprécie le contact de cet élément doux comme de la soie.
Elle ignore le chat qui passe et repasse entre ses jambes fragiles et amaigries.
Des œufs et de l’eau coulent sur son plan de travail pour y former une pâte informe et malléable, ses mains y plongent goulûment et la pétrissent comme on masse une chair molle et fatiguée.
Elle ignore la fin de journée, le soleil de cet d’après-midi laissant place au plafond étoilé de la nuit.
Une à une, elle pèle ces pommes rouges, juteuses et brillantes à souhait. Ces gestes sont précis, répétés depuis des années, transmis de mère en fille. Une fois les morceaux alignés sur la pâte, elle prend son vieux plat en terre et l’enfourne d’un geste mal assuré.
Elle ignore que cette tarte aux pommes sera son dernier repas. L