Sagot :
def de mythe :
mais un récit tenu pour vrai, dans un système de croyances déterminées, en apparence opposé au discours rationnel. Le mythe apparaît comme l'expression d'une pensée symbolique, en relation avec la totalité du psychisme humain, l'histoire et les préoccupations communes des hommes : "tout l'humain est engagé dans le mythe" (G. Bachelard).
A l'origine, les mythe et légendes étaient des récits qui devaient absolument être transmis, sans doute parce qu'ils contenaient un savoir ou une vérité ; à travers les mythes, les initiés, comme Platon, étaient porteurs de vérités à transmettre, mais, après Homère, on utilisa le mot "mythe" dans le sens de fable, (il y a plusieurs versions, et certains récits sont altérés). Pourtant, ils peuvent relater des faits antérieurs aux civilisations connues, et c'est par les sources traditionnelles et culturelles que nous avons l'écho d'un lointain passé. Ils sont comme la mémoire des temps préhistoriques. Mais il semble qu'ils servaient aussi à donner des réponses toutes faites à toutes sortes de questions, et des explications à des choses très diverses, et surtout des indications morales...
Le mythe est essentiellement un récit que les gens sentent dans un rapport régulier ou régulateur avec un aspect positif ou négatif de la vie. Le mythe du héros est le plus répandu, et représente l'individu qui s'efforce de découvrir ses pouvoirs qui sont en lui et d'affirmer sa personnalité.
Robinson Crusoé exprime les idées, les aspirations et les craintes des lecteurs qui l’ont découvert ; depuis le XVIIe siècle, un individu autosuffisant, actif, productif constituait un modèle culturel. Robinson pratiquait le commerce clandestin des Nègres ; pourquoi cet homme d’affaires ambitieux, banal et médiocre est-il devenu, pour des générations de lecteurs, un symbole, un mythe ? Sans doute parce que le lecteur ne retient que l’aventure, le mystère, l’île déserte, l’angoisse existentielle ; il découvre un homme obligé pendant de longues années à ne dialoguer qu’avec lui-même et à trouver, dans le travail et dans la foi, la force de vivre et de lutter victorieusement contre la mort. De nos jours, l’île déserte apparaît comme un endroit idéal, un petit paradis terrestre, un coin de la planète où persiste le souvenir d’une nature vierge et indomptée. C’est alors la quête des origines qui permet au lecteur de s’identifier au héros. Mais le roman, souvent classé à tort dans la littérature pour la jeunesse, est en réalité un ouvrage pour adultes, qui est d’abord le récit d’une conversion. Bernard Reymond montre ici l’importance du protestantisme dans ce récit, tout en soulignant que le protestantisme de Robinson est celui du Siècle des Lumières qui veut concilier foi et raison et faire place à la liberté de pensée. Bernard Reymond est professeur honoraire de théologie pratique à l’Université de Lausanne. Il est spécialiste des relations entre culture et foi chrétienne et auteur de nombreux ouvrages.