« Enfant , j’ai quelquefois passé des jours entiers Au jardin, dans les prés, dans quelques vertes sentiers Creusés sur les coteaux par les bœufs du village, Tout voilés d’aubépine et de mûre sauvage, Mon chien auprès de moi, mon livre dans la mains, sans fatigue et marchant sans chemin,
Tantôt lisant, tantôt écorçant quelques tige,
Suivant d’un œil distrait l’insecte qui voltige,
L’eau qui coule au soleil en petits diamants,
Ou l’oreille clouée à bourdonnement ;
Puis, choisissant un gîte à l’abri d’une haie,
Comme un lièvre tapi qu’un aboiement effraie,
Ou couché dans le pré, dont les gramens en fleurs me noyaient dans un lit de mystère et d’odeurs Et recourbaient sur moi des rideaux d’ombre obscure,
Je reprenais de l’œil et du cœur ma lecture »