C'est l'autre migration qui menace l'Europe. Pas la migration des populations
syriennes, afghanes ou éthiopiennes qui domine le débat politique depuis des
années. Non, une migration interne à l'Europe, un mouvement silencieux qui
voit les jeunes diplômé es des pays du Sud et de l'Est de l'Union européenne
partir faire leur vie dans les pays de l'Ouest et du Nord.
Les perdants de cette hémorragie se trouvent d'abord à l'Est. Les anciens
pays communistes, dont les économies ont durement souffert à cause des
changements de systèmes, ont vu leur jeunesse partir à l'Ouest dès la chute
du mur de Berlin. La Pologne a encore perdu 268.000 de ses jeunes de 20 à
34 ans sur la période 2013-2017.
Les pays du Sud sont les autres perdants de ce phénomène. L'éclatement en
2010 de la crise de l'euro a marqué une rupture pour ces pays qui, depuis
leur entrée dans l'Europe, étaient parvenus à inverser les flux migratoires.
L'Espagne a ainsi perdu 136.000 jeunes de 2013 à 2017.
Les gagnants de cette autre migration, ce sont les pays riches du nord de
l'Union européenne. L'Allemagne, mais aussi la France, l'Angleterre, le
Benelux, la Suède ou encore l'Autriche.