Document 1: Extral: « L'enfant multiple », Andrée CHEDID, Librio, 2003.
Gare de Lyon, mai 1987.
Un enfant qui fuit la guerre au Liban, descend du train.
-Sûrement qu'on le reconnaîtra, répondit Antoine à la question de sa femme .Depuis sa naissance
ça fait bien onze ans, nous n'avons jamais manqué de photos.Ta cousine Annette y veillait !
La foule quittant le train en masse recouvrait tout le quai; avançait en rangs serrés, à grande
vitesse vers les sorties .Rosie et Antoine craignaient de rater l'arrivée de l'enfant ;mais lui les
cherchait aussi.Il portait, suspendue autour du cou, une pancarte avec les noms des époux Mazar
Inscrits en lettres capitales.
-Joseph ! Joseph ! Par ici, s'écrièrent-ils ensemble en l'apercevant.
D'un geste l'enfant se débarrassa de sa pancarte et s'élança vers eux.
-Tante Rosie !Oncle Antoine !
Soudain frappés de stupeur, ceux-ci reculèrent d'un même pas.
L'enfant s'immobilisa à son tour.
-Oncle Antoine ?...Tante Rosie ?...C'est vous ?
Dépassant la courte emmanchure, ils venaient de découvrir le moignon. La vue de cette chose
mutilée, incongrue, leur avait donné un haut-le-cœur .Ils restaient là, abasourdis figés sans rien
trouver à dire.
L'enfant qui venait de comprendre la raison de leur repli, prit les devants .Se dressant sur la
pointe des pieds, il étendit, puis enroula son bras valide autour du cou de la femme, ensuite de
l'homme, les amenant l'un après l'autre jusqu'à lui, pour les embrasser.
Rosie eut juste le temps de glisser à l'oreille d'Antoine :
-Le vieux aurait pu nous prévenir....
Mais soudain, saisie de honte de sa propre répulsion, elle se pencha, attira le gamin contre sa
poitrine .Dans une confusion extrême, elle le serra contre elle, redoublant de ferveur. Elle
embrassa ensuite ses cheveux, ses joues, en murmurant:
-Mon petit, cher petit...
De nouveau, sous ses lèvres, elle éprouva une sensation étrange :un vide, un creux, à
l'emplacement de la pommette droite .Il ne pouvait s'agir que d'un éclat de mitraille ; l'extraction
avait laissé une cicatrice apparente, un renforcement.
De l'autre coté de la Méditerranée, c'était toujours l'enfer .Qu'y pouvaient-ils ?Ils s'efforçaient de
ne plus y penser.
Bonjour
vous pouvez m’aider à faire un
suite de récit là où le narrateur
rencontre sa journée dans
sons journal intimes à la première personne du singulier