Ex. 11 a) Dans l'extrait suivant, relevez au moins
quatre figures de style différentes. b) Quelle est la
figure de style dominante ? c) Est-ce étonnant vu le
titre de l'œuvre ? d) Quel est l'effet de ces figures
de style ? Quelle impression créent-elles ?
Le vent sonna plus profond; sa voix s'abaissait puis
montait. Des arbres parlèrent; au-dessus des arbres
le vent passa en ronflant sourdement. Il y avait des
moments de grand silence, puis les chènes parlaient,
puis les saules, puis les aulnes; les peupliers sifflaient
de gauche et de droite comme des queues de chevaux,
puis tout d'un coup ils se taisaient tous. Alors la nuit
gémissait tout doucement au fond du silence. Il fai-
sait un froid serré. [...] Un frémissement de lumière
grise coula sur la cime des arbres depuis le fond du
val jusqu'aux abords du grand pic où la forêt finissait.
On l'entendait là-haut battre contre le rocher. Le ro-
cher s'éclaira. Il n'y avait pas de lumière dans le ciel,
seulement là-bas vers l'est une blessure violette pleine
de nuages. La lumière venait de la colline. Sortie la
première de la nuit, noire comme une charbonnière,
elle lançait une lumière douce vers le ciel plat; la lu-
mière retombait sur la terre avec un petit gémissement,
elle sautait vers le rocher, il la lançait sur des collines
rondes qui, tout de suite, sortaient de la nuit avec leurs
dos forestiers. L'ombre coulait entre les bosquets et les
coteaux, dans les vallons, le long des talus, derrière le
grillage des lisières.
Jean Giono, Le Chant du monde, 1934.