Bonjour j'ai besoin d'aide pour l'analyse linéaire d'un extrait du chapitre 15 de la dame aux camélias . Aillez l'amabilité de m'aider svp. A L'AIDE!– Voyons, Marguerite, je ne veux pas prendre plusieurs
chemins pour en arriver à ce que je veux vous dire. Franchement,
m'aimez-vous un peu ?
– Beaucoup.
– Alors, pourquoi m'avez-vous trompé ?
– Mon ami, si j'étais madame la duchesse telle ou telle, si
j'avais deux cent mille livres de rente, que je fusse votre maîtresse
et que j'eusse un autre amant que vous, vous auriez le droit de me
demander pourquoi je vous trompe ; mais je suis mademoiselle
Marguerite Gautier, j'ai quarante mille francs de dettes, pas un
sou de fortune, et je dépense cent mille francs par an ; votre
question devient oiseuse et ma réponse inutile.
– C'est juste, dis-je en laissant tomber ma tête sur les genoux
de Marguerite ; mais moi je vous aime comme un fou.
– Eh bien, mon ami, il fallait m'aimer un peu moins ou me
comprendre un peu mieux. Votre lettre m'a fait beaucoup de
peine. Si j'avais été libre, d'abord je n'aurais pas reçu le comte
avant-hier, ou, l'ayant reçu, je serais venue vous demander le
pardon que vous me demandiez tout à l'heure, et je n'aurais pas à
l'avenir d'autre amant que vous. J'ai cru un moment que je
pourrais me donner ce bonheur-là pendant six mois ; vous ne
l'avez pas voulu ; vous teniez à connaître les moyens, eh ! mon
Dieu, les moyens étaient bien faciles à deviner. C'était un sacrifice
plus grand que vous ne croyez que je faisais en les employant.
J'aurais pu vous dire : j'ai besoin de vingt mille francs ; vous étiez
amoureux de moi, vous les eussiez trouvés, au risque de me les
reprocher plus tard. J'ai mieux aimé ne rien vous devoir ; vous
n'avez pas compris cette délicatesse, car c'en est une. Nous autres,
quand nous avons encore un peu de coeur, nous donnons aux
mots et aux choses une extension et un développement inconnus
aux autres femmes ; je vous répète donc que, de la part de
Marguerite Gautier, le moyen qu'elle trouvait de payer ses dettes
sans vous demander l'argent nécessaire pour cela était une
délicatesse dont vous devriez profiter sans rien dire. Si vous ne
m'aviez connue qu'aujourd'hui, vous seriez trop heureux de ce
que je vous promettrais, et vous ne me demanderiez pas ce que
j'ai fait avant-hier. Nous sommes quelquefois forcées d'acheter
une satisfaction pour notre âme aux dépens de notre corps, et
nous souffrons bien davantage quand, après, cette satisfaction
nous échappe.


Sagot :