Bonjour pourriez Vous m'aidez à cette question svp Pourquoi Mill utilise-t-il le champ lexical de la guerre pour caractériser le rapport entre l’Art humain et la Nature?



texte:
Si le cours naturel des choses était parfaitement bon et satisfaisant, toute action serait une
ingérence inutile qui, ne pouvant améliorer les choses, ne pourrait que les empirer. [...] Si1
l’artificiel ne vaut pas mieux que le naturel, à quoi servent les arts de la vie ? [...] Tout le
monde déclare approuver et admirer nombre de grandes victoires de l’Art sur la Nature :2
joindre par des ponts les rives que la Nature avait séparées, assécher des marais naturels,
creuser des puits, amener à la lumière du jour ce que la Nature avait enfoui à des
profondeurs immenses dans la terre, détourner sa foudre par des paratonnerres, ses
inondations pas des digues, son océan par des jetées. Mais louer ces exploits et d’autres
similaires, c’est admettre qu’il faut soumettre les voies de la Nature et non pas leur obéir ;
c’est reconnaître que les puissances de la Nature sont souvent en position d’ennemi face à
l’homme, qui doit user de force et d’ingéniosité afin de lui arracher pour son propre usage le
peu dont il est capable, et c’est avouer que l’homme mérite d’être applaudi quand ce peu
qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait espérer de sa faiblesse physique comparée à ces
forces gigantesques. Tout éloge de la civilisation, de l’art ou de l’invention revient à
critiquer la Nature, à admettre qu’elle comporte des imperfections, et que la tâche et le
mérite de l’homme sont de chercher en permanence à les corriger ou les atténuer.
John Stuart MILL, La Nature [1874], Paris, La Découverte, 2003, pp.61​