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2 Qu'est-ce qu'un bon raisonnement ?
HOBBES
L'usage et la fin de la raison n'est pas de trouver la somme et la vérité d'une ou de
plusieurs conséquences éloignées des premières définitions et des significations
établies des noms, mais de commencer par celles-ci et d'aller d'une conséquence à
une autre. Car il ne peut y avoir aucune certitude, quant à la dernière conclusion,
s sans certitude au sujet de ces affirmations et négations sur lesquelles elle est fondée
et déduite.
Quand le chef de famille, en faisant les comptes, additionne les sommes de toutes
les factures des dépenses pour n'en faire qu'une seule, sans se préoccuper de savoir
comment chacune des factures a été additionnée par ceux qui les ont établies ou à
10 quel achat elle correspond, il ne se rend pas un meilleur service que s'il se contentait
d'approuver globalement les comptes en faisant confiance à la capacité et à l'honnêteté
de chaque comptable.
Il en est de même en ce qui concerne le raisonnement dans tous les autres domaines:
celui qui s'en tient aux conclusions d'un auteur en qui il a confiance, et ne cherche pas
is à remonter aux tout premiers éléments de chaque calcul (qui sont les significations
établies par les définitions), celui-là travaille en pure perte : il ne sait rien et ne fait
seulement que croire.
Compréhension
1. Donnez un exemple de démarche mathématique
par laquelle on trouve « la vérité d'une ou de plusieurs
conséquences éloignées des premières définitions >>
(1.1-2).
2. Expliquez les expressions suivantes : << commencer
par [les premières définitions et significations] >> (1.3)
et «aller d'une conséquence à une autre »> (1.3-4).
3. Quel doit être, selon Hobbes, « l'usage et la fin de la
raison >> ? En vous aidant des repères Cause/Fin, p. 31,
précisez ici le sens du mot « fin >>.
4. Résumez l'exemple utilisé par Hobbes dans
le deuxième paragraphe. Comment cet exemple
illustre-t-il l'argumentation du premier paragraphe?
5. Expliquez, après en avoir défini les termes,
l'opposition entre « conclusions » (l. 14) et « tout
premiers éléments» (I. 15). Quel autre terme pourrait
remplacer l'expression « tout premiers éléments »?
Thomas Hobbes, Léviathan (1651).
6. Expliquez: « il ne sait rien et ne fait seulement
que croire » (l. 16-17). Sur quels points précis peut-on
opposer croyance et savoir ?
7. Exposez l'idée principale du texte en mettant
en évidence les étapes de son argumentation.
Réflexion
8. Donnez des exemples de situations dans lesquelles
quelqu'un « s'en tient aux conclusions d'un auteur
en qui il a confiance». Sur quoi faut-il s'appuyer alors
pour construire un raisonnement cohérent?