Activité : Comparaison entre le modèle clausewitzien et la tactique de Frédéric II
En confrontant les documents 3 et 4 p. 109, du manuel, vous montrerez que la Guerre de Sept Ans correspond bien au modèle clausewitzien de la guerre réelle, « continuation de la politique par d'autres moyens »
A plusieurs reprises, alors que la situation semble déses-pérée, Frédéric Il est sauvé par les hésitations et les maladresses de ses adversaires. Les Russes envahissent la Prusse orientale et entrent au Brandebourg. Ils sont arrêtés à Zorndorf, le 25 août 1758, lors d'une bataille meurtrière. Cette victoire n'est qu'un répit pour Frédéric II, les Russes et les Autrichiens faisant leur jonction et lui infligeant une cuisante défaite à Künersdorf le 12 août
1759. Mais une nouvelle division des alliés joue en faveur de Frédéric II. Les Autrichiens laissent les Russes en Prusse orientale sur la Saxe et la Silésie, ce qui laisse Frédéric lI reconstituer une partie de ses forces. [...]
En 1761, une nouvelle offensive est menée par les Russes et les Autrichiens alors que les ressources de la Prusse s'épuisent. Un changement dynastique sauve une nouvelle fois le roi de Prusse du désastre. En janvier 1762, la tsarine Élisabeth le décède, laissant le trône à Pierre III, souverain d'origine allemande et grand admirateur de Frédéric II. Le nouveau tsar décide d'arrêter la guerre; il signe la paix avec la Prusse le 5 mai 1762 et rend à son ancien adversaire la Prusse orientale. Un mois plus tard, il s'allie avec lui, lui fournissant 20 000 hommes. [...] La Suède, isolée, abandonne aussi le combat et restitue la Poméranie à la Prusse. [...] En novembre 1762, Marie-Thérèse, affaiblie et isolée, est prête à négocier la paix avec la prusse.
La querre n'exige pas toujours que l'on se batte jusqu'à l'anéantissement de l'un des deux camps. Dans une conjoncture de motifs et de tensions très faibles, on peut imaginer qu'une probabilité légère, à peine perceptible, suffise pour pousser à capituler celui auquel 5 elle est défavorable. Or, si l'autre camp en est à l'avance persuadé, il est naturel qu'il concentre tout son effort sur la réalisation de cette probabilité, sans même chercher à emprunter le détour d'une défaite complète de l'ennemi.
L'évaluation de l'énergie déjà dépensée et de celle qu'il faudra encore déployer pèse d'un poids encore supérieur sur la décision de conclure la paix. Comme la guerre n'est pas un acte de fureur aveugle, mais un acte dominé par la fin politique, la valeur de cette fin politique doit décider de l'ampleur des sacrifices aux prix desquels nous voulons l'acquérir. Cela ne vaut pas seulement pour leur étendue, mais aussi 15 pour leur durée. Donc, dès que la dépense d'énergie devient trop importante pour être équilibrée par la valeur de la fin politique, cette dernière doit être abandonnée et la paix doit s'ensuivre. [...]
Durant la guerre de Sept Ans, Frédéric le Grand n'aurait jamais été en mesure de défaire la monarchie autrichienne; et eût-il cherché 20 à le faire, à la manière d'un Charles XII, qu'il serait allé immanquablement à sa perte. Mais lorsqu'une sage économie de ses forces, et le talent avec lequel il sut les employer, eut montré pendant sept ans aux puissances liguées contre lui que leur dépense de force excédait largement leurs prévisions initiales, elles conclurent la paix.