Aujourd'hui [I'] évasion dans l'aventure rêvée
- précédemment réservée aux bambins et aux poètes - est un besoin d'autant plus vif que notre époque, plus que jamais, semble impropre à l'aventure. Notre terre
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est de mieux en mieux connue. Plus de zone mysté-rieuse, l'Amazonie exceptée, que l'on puisse explorer en risquant sa vie, où l'on puisse vivre librement, sans se soucier des lois et des usages. Les Américains ont installé un aéroport au Pôle; on cultive la canne à sucre 10 dans les îles que hantaient les flibustiers; les atolls du Pacifique sont le théâtre d'expériences nucléaires. La vie policée, réglée par la police, s'est insinuée partout.
Plus d'endroits non civilisés où l'on serait naufragé, contrebandier, chercheur d'or et de bagarres. Qu'est 15 devenu le domaine privilégié de l'aventure? Chaque week-end, à l'usage des touristes, les Indiens du Colorado organisent des spectacles folkloriques avec plumes, peintures de guerre, danse du scalp.
La vie quotidienne est strictement réglementée, 20 frustrée de pittoresque, de diversité, de fantaisie. En Alaska comme en Patagonie, l'individu, dès sa naissance est recensé, fiché, voué à tenir un rôle social. S'il ne veut pas encourir les foudres du pouvoir, il doit se faire « une situation », mot suintant la stabilité, le conformisme, 25 l'immobilité et donc l'immobilisme. Personne n'a plus les coudées franches. Peu de gens donnent forme à leur vie selon leur désir.

a. Reconstituez le plan du texte en identifiant la thèse, les arguments et les exemples.

b. Quels éléments vous semblent superflus ou redondants ?

c. Rédigez la contraction de ce texte en trente mots.